Alors que l'opposition kirghize tente d'organiser sa prise de pouvoir et que le président du Kirghizstan, Askar Akaïev, s'est réfugié en Russie, l'épidémie contestataire semble s'étendre dans cette vaste région de l'Asie centrale, faisant partie de l'ex-Union soviétique. Plus de un millier de personnes ont manifesté, le week-end dernier, dans la capitale mongole, Oulan-Bator, devant le siège du gouvernement où ils ont demandé plus de démocratie, avec les slogans protestataires du Kirghizstan. Les manifestants ont tenté de copier le scénario, mais ils ont été empêchés de prendre le palais du gouvernement par une forte présence policière. Pour les organisateurs, ce n'est que partie remise : rendez-vous le 7 avril prochain. Organisés par le Mouvement civique pour une société juste, qui n'est apparenté ni aux partis au pouvoir ni aux ex-communistes dans l'opposition, les manifestants réclament que le Parlement puisse prendre l'initiative de faire voter des lois, que le peuple puisse démettre de leurs fonctions les députés corrompus et l'ouverture d'une enquête sur l'ancien Premier ministre Nambaryn Enkhbayar, pour détournement de fonds publics. Enkhbayar s'est recyclé dans le Grand-Oural, dont il en est le président. Une élection présidentielle est prévue au mois de mai en Mongolie, pays indépendant depuis 1992 et peuplé de 2,6 millions d'habitants. L'Ouzbékistan, pour sa part, s'est déclaré prêt à coopérer avec les nouvelles autorités kirghizes, reconnaissant même le bien-fondé de la nouvelle révolution Kirghize. Tachkent presse Bichkek d'utiliser les voies légales pour régler sa crise, notamment des négociations pacifiques avec toutes les parties au conflit. Après la chute, jeudi en quelques heures, du régime d'Askar Akaïev, l'opposition kirghize a formé vendredi un gouvernement intérimaire et annoncé la tenue d'une élection présidentielle pour juin, tandis que l'Osce, l'Union européenne, Washington et la Russie appelaient au retour à l'ordre et à la stabilisation. D. B.