Le 16 mars 2017 restera gravé dans les mémoires des puristes de la balle ronde africaine. L'Afrique du football connaît une véritable révolution dans son institution. Désormais, lorsqu'on évoquera le nom d'Issa Hayatou, il faudra le conjuguer au passé. En effet, la Confédération africaine de football (CAF) s'offre un nouveau patron après la cinglante défaite du président sortant, Issa Hayatou, devant le Malgache Ahmad Ahmad. Ce dernier devient, ainsi, le sixième président de la CAF depuis sa création en 1957 où se sont succédé les Egyptiens, Abdelaziz Salem (1957 - 1958), Mohamed Abdelaziz Moustapha (1958 - 1968) et le Soudanais Mohamed Abdelhalim (1968 - 1972), avant le règne de 15 ans de l'Ethiopien Ydnekatchew Tessema (1972 - 1987). Le Soudanais Mohamed Abdelhalim avait assuré l'intérim après le décès de Tessema (1987 - 1988) avant de voir le Camerounais Issa Hayatou accaparer les commandes du football continental pour une période de presque trois décennies, de 1988 jusqu'à 2017. Il faut dire que Hayatou, qui briguait un 8e mandat, a essuyé une cinglante défaite devant le Malgache Ahmad Ahmad, élu avec un grand écart en remportant 34 voix contre 20. Pour certains, il s'agit d'une véritable surprise dans le paysage footballistique africain, mais pour d'autres c'était prévisible, et la fin du règne du vieux briscard était bien proche. L'un des signes de la victoire du Malgache était la présence du président de la FIFA, Gianni Infantino, à Addis-Abeba pour assister au vote, qui aurait fait état de son soutien à Ahmad Ahmad. Une sorte de revanche de la part du président de la FIFA, qui garde toujours en tête que Hayatou avait soutenu cheikh Salman Ben Ibrahim Al-Khalifa lors de l'élection à la présidence de la FIFA en février 2016. Ahmad remplace donc Hayatou, et les Africains attendent du nouveau dans la gestion de cette instance, lui qui avait promis, lors de sa campagne, "une transparence dans la gestion" et mettre fin aux "pratiques obsolètes". Si le Camerounais a été épargné par les différents scandales qui ont ébranlé la FIFA de Sepp Blatter, il n'en demeure pas moins que sa réputation est exempte de tout reproche. On se rappelle que juste avant le début de la CAN-2017, l'Egypte a accusé Issa Hayatou de corruption lors de la vente des droits TV à Lagardère Sports. Une plainte a été même déposée contre le patron du football africain. Mais le successeur de Hayatou n'est pas aussi "clean". En effet, il a été cité dans l'affaire de corruption qui a entouré l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Une accusation qu'il partage, d'ailleurs, avec Hayatou, qui l'a toujours rejetée. Ce que devrait craindre le désormais ex-président de la CAF, ce sont les nombreuses casseroles qu'ils traînent et qui ne tardent pas à faire du bruit. Du haut de ses 57 ans, l'unique rival du Camerounais, qui a accédé au poste le plus important du football africain, était sûr de lui à la fin des votes, où il a déclaré : "Si je pensais que je ne pouvais pas y arriver, je ne me serais pas présenté." Le nouveau président de la CAF veut mettre un terme aux anciennes pratiques. Dans son programme, il compte changer les statuts et limiter à trois mandats la présidence de la CAF, ainsi que le retour à un âge limite (70 ans) pour exercer ces fonctions. Sur le terrain, Ahmad Ahmad veut prendre l'UEFA comme exemple en revoyant le format de la Coupe d'Afrique des nations (CAN). Il compte passer à vingt-quatre équipes et ouvrir le Championnat d'Afrique des Nations à tous les joueurs évoluant sur le continent africain, alors que pour le moment, il est réservé uniquement aux joueurs évoluant dans leur championnat. Ahmad Ahmad veut aussi que l'argent versé aux fédérations africaines par la FIFA soit mieux utilisé, améliorer la formation des entraîneurs et se doter de stades plus modernes et plus sécurisés. L'élection d'Ahmad Ahmad se répercutera-t-elle sur l'Algérie, qui a soutenu Hayatou ? Une chose est sûre, ce ne sera pas pire puisque même sous la houlette du Camerounais, la CAF n'a pas été d'un grand apport pour notre pays. Cependant, la Confédération africaine de football ne sera plus dirigée par Issa Hayatou. Et pour beaucoup, c'est déjà ça de gagner. Malik A.