Née à Khartoum le 8 février 1957, la Confédération africaine de football a fini, au bout de quelques années, par renvoyer l'image d'une institution à la solde des Egyptiens. Ce n'est un secret pour personne : le football égyptien est constamment privilégié dans toute prise de décision. Qu'il s'agit d'élire le pays organisateur d'une édition de la CAN ou bien de la confection des éliminatoires du Mondial, le onze égyptien a toujours eu les faveurs de la CAF. La mainmise des Egyptiens sur le fonctionnement de la CAF repose sur l'implantation de son siège au Caire. L'histoire de la CAF enseigne en effet qu'elle a élu domicile dès février 1957 au Garden City situé dans l'enceinte même de la Fédération égyptienne au moment où son assemblée constitutive a été tenue au Grand Hôtel de Khartoum. Pendant plusieurs décennies, les deux instances (la FEF et la CAF) ont cohabité pas uniquement pour doter la CAF d'un siège «provisoire» mais pour une alliance durable avec la fédération des pharaons. A mesure que le nombre de ses membres augmentait, les bureaux de la CAF s'étendaient, jusqu'à l'acquisition de deux autres étages. Parallèlement à cette extension, la CAF a construit sa propre bâtisse sur l'île de Gezira, dans le quartier Zamalek. Voulant imposer une belle image de l'institution, le comité exécutif de la CAF a décidé en 2000 d'acheter un terrain pour y construire un nouveau siège. Il sera inauguré deux ans plus tard dans la banlieue du Caire. La construction du nouveau siège de la CAF a coûté 3,3 millions d'euros. Le transfert de siège ne veut nullement dire que la CAF a abandonné ses accointances avec la Fédération égyptienne. Le lien n'a jamais été coupé. La CAF a toujours gardé une oreille attentive aux pulsions de la FEF (Fédération égyptienne de football). La mainmise des Egyptiens sur les décisions de la CAF ne résume pas cependant le fait que son siège se trouve au Caire. Elle s'articule aussi sur le personnel qui compose les structures de l'institution. A ce niveau, la présence forte des Egyptiens est incontestable. Au passé comme au présent. Sur les six présidents de la CAF, de 1957 à ce jour, deux sont égyptiens. Le premier président de la CAF, l'Egyptien Abdel Aziz, n'a pas régné plus d'une année. Il a été remplacé par son compatriote le général Abdel Aziz Mustapha pour deux mandatures : 1958-1968. Le Soudanais Abdel Halim Mohamed Abdel Halim a pris par la suite les destinées de la CAF de 1968 à 1972. L'Ethiopien Tessema, lui, succèdera à la tête de la CAF pour une longue période allant de 1972 à 1987. Après un court intérim du revenant soudanais Abdel Halim, c'est le Camerounais Issa Hayatou qui dirige la CAF jusqu'à ce jour. La présidence mouvante entre deux Soudanais, un Ethiopien et un Camerounais, depuis 1968, ne signifie guère le recul du lobby égyptien au sein de la CAF. Le poste de secrétaire général de l'Instance est égyptien depuis 1961. L'actuel SG de la CAN, Mustapha Fahmy, en poste depuis 1982, a succédé à son père, Mourad Fahmy, qui a occupé le poste de 1961 à 1982. Mustapha Fahmy est considéré comme «la cheville ouvrière nécessaire au fonctionnement de l'administration de la CAF». Le poste de SG s'hérite de père en fils égyptien, le siège de l'instance est au Caire et les deux premiers présidents de la CAF sont des Egyptiens. Résultat final : la CAF est une généalogie égyptienne. A. Y.