Ses détracteurs reprochent au grand argentier de trop serrer les cordons de la Bourse. Ce dernier envisage de recourir au fonds du Fades pour financer une partie du coût de la délocalisation de la ville de Hassi-Messaoud. “Le ministère des Finances n'a pas vocation à geler l'argent mais plutôt à financer ce qui sert le développement de l'Algérie”. Ces propos prononcés hier par Abdelatif Benachenhou, à l'occasion de la cérémonie de signature de l'accord de prêt avec le Fonds arabe de développement économique et social (Fades) qui s'est déroulée au siège du ministère de l'Habitat, résonnent comme une réponse à ceux qui l'accusent de trop pratiquer l'orthodoxie financière. La mise au point de l'argentier du pays vient au moment où des rumeurs persistantes évoquent son prochain départ du gouvernement. Le ministre des Finances va encore plus loin, en affirment, avec instance, de n'être pas “un obstacle pour le financement des projets pour peu que les conditions acceptables soient respectées”. Abdelatif Benachenhou est convaincu que “l'Algérie a les moyens de ses ambitions”, en révélant les dix grands projets du président de la République. Le ministre des Finances parle de la reconstruction de la ville de Chlef, de la délocalisation de la ville de Hassi-Messaoud, du métro d'Alger, de l'aérogare d'Alger, de la modernisation du rail, de l'autoroute est-ouest, du dessalement d'eau de mer, de la construction de deux nouvelles villes (Sidi-Abdellah et Bouinan), de la réalisation de la société d'information (internet) et enfin de l'infrastructure sanitaire (grands hôpitaux universitaires). Ce sont autant de projets inscrits, dans le cadre du plan de consolidation de la croissance. Au-delà donc de l'accord de prêt signé hier, le ministère des Finances et le Fades se sont mis d'accord sur un cadre de coopération, 2005 à 2009, beaucoup plus global, qui pourrait amener cette institution arabe basée au Koweït, à intervenir dans le financement de certains projets. Le recours aux financements Fades, se justifie selon Benachenhou par “les coûts acceptables des crédits et l'expertise qu'apporte le fonds”. Trois domaines d'intervention ont été identifiés. Il s'agit de l'habitat, pour, entre autres, “honorer l'engagement du président de construire un million de logements d'ici à la fin de son deuxième mandat”, du dessalement d'eau de mer et en fin de la délocalisation de la ville de Hassi-Messaoud dont une partie a été construite sur des pipes. Pour l'habitat, il s'agit surtout de la reconstruction des logements à Chlef et Aïn Defla. Concernant le transfert de Hassi-Messaoud, le ministre annonce la venue, la semaine prochaine, d'une délégation d'experts du Fonds arabe de développement économique et social. Ils (les experts du Fades) se déplaceront à Hassi-Messaoud pour évaluer la situation. M. Benachenhou, au-delà des risques technologiques et autres que peuvent encourir les 60 000 personnes qui y habitent, leur présence, ainsi que celle des entreprises, constitue un obstacle pour le développement des hydrocarbures. Le ministre des Finances dit ne pas pouvoir, pour le moment, avancer de chiffre concernant le coût global du transfert de la ville de Hassi-Messaoud. “La question est à l'étude”, précise-t-il. C'est que, selon lui, le projet est articulé sous trois aspects : l'habitat, en d'autres termes, le relogement de la population, qui pour le ministre est “facile à évaluer”, les infrastructures et équipements sociaux (routes, les hôpitaux, les écoles…) et enfin les infrastructures économiques. Le troisième domaine d'intervention du Fades identifié concerne le dessalement d'eau de mer. Le Fades, semble-t-il, du moins selon le ministre des Finances, a une longue expérience dans le financement et le suivi de ce type de projet. L'objectif “est d'éviter les problèmes de surcoûts et de délais, dont souffre l'Algérie”, explique le grand argentier du pays. M. R.