Aux yeux de nombre d'observateurs de la scène politique nationale, le départ de Benachenhou, et son remplacement par Mourad Medelci à la tête du ministère des Finances, obéirait à la volonté du Pouvoir en place d'harmoniser ses visions et, partant, ses décisions quant au choix de la politique économique à conduire durant ce second mandat du Président Bouteflika. En ce sens, faut-il le rappeler, l'ex-ministre des Finances s'est souvent illustré durant sa présence au sein de l'Exécutif par une certaine tendance à vouloir faire cavalier seul en se démarquant de certaines décisions prises par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Les visions respectives de ce dernier et de l'ex-grand argentier du pays paraissaient parfois d'autant plus inconciliables qu'elles portaient sur des questions de fond, à savoir celles engageant la mise en œuvre d'une politique de réforme économique et financière et les choix d'allocation des ressources publiques disponibles. Aussi, quand bien même l'ex-ministre des Finances aurait pris à chaque fois le soin d'invoquer son attachement au principe de la solidarité gouvernementale, ses divergences avec le chef de l'Exécutif n'en restaient pas moins manifestes. Désaccords Prenant l'opinion publique à contre-pied, Benachenhou n'avait pas hésité à soutenir publiquement, lors d'une conférence qu'il a animée il y a quelques mois, que l'instruction du gouvernement interdisant aux entreprises et organismes publics d'opérer des dépôts de fonds auprès des banques privées devait tout simplement être réexaminée à teme. « L'argent des entreprises, énonçait-il clairement à ce propos, doit aller dans les bonnes banques, quelles soient de statut public ou privé. » A cheval sur les principes de la rigueur budgétaire et de la rationalisation des dépenses publiques, il a également pris position contre les politiques de financement par les ressources de l'Etat des grands chantiers, tels que l'autoroute Est-Ouest, le métro ou encore la nouvelle aérogare d'Alger. De son point de vue, l'orthodoxie financière voudrait que l'investissement public laisse place à une croissance tirée davantage par le marché et les entreprises et non par les ressources budgétaires. Cependant, bien que connu pour être proche du président de la République, Benachenhou n'aura en définitive guère réussi à imposer ses visions. Quelques mois avant son départ, il se contentera de signifier à l'adresse de ses détracteurs que « le ministère des Finances n'a pas vocation à geler l'argent mais plutôt à financer ce qui sert le développement de l'Algérie ». Se peut-il qu' à ce niveau le différend se soit posé avec le président Bouteflika lui-même ? Sans trop le crier publiquement, certaines voix s'élèvent en effet pour faire porter la responsabilité à Benachenhou quant à l'échec - supposé ou avéré - de la politique d'allocation des crédits thésaurisés au niveau des banques et dont le montant s'élève à quelque dix milliards de dollars.