Le projet gouvernemental tendant à délocaliser la ville pétrolière de Hassi Messaoud est sur la voie de la concrétisation. A cet effet, les études et les expertises seront entamées le 2 avril 2005. C'est ce qu'a annoncé, hier au siège du ministère de l'Habitat, le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, à l'occasion de la signature d'un accord avec le Fonds arabe de développement économique et social (FADES) portant sur l'octroi à l'Algérie d'un crédit de financement de la construction de logements. Le FADES, selon le ministre, va envoyer la semaine prochaine une équipe d'experts sur place pour entamer les évaluations du site. La question du déplacement de la ville de Hassi Messaoud avait, rappelons-le, fait couler beaucoup d'encre depuis la décision prise par le gouvernement, le 30 novembre 2004, de geler la validité et la délivrance de permis de construire sur le site. La décision est, entre autres, motivée par les risques encourus par les habitants à cause des installations pétrolières. Sans donner plus d'informations sur le coût de ce projet, M. Benachenhou a affirmé que la délocalisation de la ville pétrolière fait partie des dix grands projets inscrits dans le programme quinquennal du président de la République. « Il ne faut pas que Hassi Messaoud soit un obstacle pour le développement du secteur des hydrocarbures en Algérie. Actuellement, la ville en constitue un obstacle », a-t-il affirmé. Afin de défendre le projet, le ministre des Finances a rappelé que 60 000 résidents de Hassi Messaoud sont en danger. Toutefois, la délocalisation, a-t-il précisé, « se fera d'une façon organisée, volontaire et incitative ». « Nous allons déplacer la ville, mais d'une manière organisée », a-t-il lancé. Ainsi, l'opération concernera plusieurs composantes : habitat, infrastructures, équipements, composante société et structures d'accueil. Pour M. Benachenhou, l'Etat est concerné par la composante habitat et financement. Quant à la composante économique, les entreprises sont libres. « On va les inciter à se déplacer, mais avec leurs propres moyens. L'Etat peut les aider avec les crédits », a-t-il ajouté. Selon lui, la construction de la nouvelle ville de Hassi Messaoud se fera dans le respect des règles d'urbanisme. construction de logements à Chlef L'accord signé hier entre le ministre des Finances et le président-directeur général du FADES, Abdelatif Youssef El Hamed, porte sur l'octroi par cette institution à l'Algérie d'un crédit à valeur de 30 millions de dinars koweïtiens pour le financement du projet de construction de logements à Chlef et Aïn Defla. Une grande partie de cette somme sera exploitée, selon le premier argentier du pays, dans le relogement des habitants de la wilaya de Chlef, dont un quart habite dans des chalets depuis le séisme de 1980. « Nous avons décidé de construire 10 000 logements sociaux et aider les citoyens voulant bâtir leur propre habitation à en construire 10 000 autres », a précisé M. Benachenhou. D'après lui, l'accord signé avec le FADES n'est pas seulement commercial, il s'étend également à l'expertise. D'ailleurs, ce fonds accompagnera le projet et veillera au respect des normes dans la construction des logements. Ce crédit est remboursable sur 22 ans avec une période de grâce de 5 ans. Le taux d'intérêt annuel est de 4,5%. « Le FADES est une institution extrêmement importante dans la coopération interarabe. La coopération entre l'Algérie et ce fonds est ancienne dans la mesure où il a déjà financé auparavant des projets en Algérie à hauteur de 15 milliards de dollars », a déclaré Abdelatif Benachenhou. Le recours à ce genre de crédit à des taux d'intérêt faibles est motivé, selon lui, par la volonté de réduire la dette extérieure du pays, notamment avec la flambée de l'euro. L'Algérie et le FADES ont déjà signé un mémorandum de 1,35 milliard de dollars portant sur le financement de plusieurs projets, dont le dessalement d'eau. L'Algérie veut, selon le ministre, bénéficier de l'expérience koweïtienne dans le domaine de dessalement d'eau. Le Koweït, où se trouve le siège du FADES, est le premier pays au monde à avoir eu une unité de dessalement d'eau (1945). L'Algérie, selon M. Benachenhou, compte beaucoup sur la coopération avec ce fonds pour la réalisation de grands projets.