Confortablement installé dans son nouveau fauteuil de président de la FAF, Kheireddine Zetchi n'aura, apparemment, pas trop le temps de savourer son triomphe au vu de l'immensité du chantier qui l'attend et qui l'oblige, dès maintenant, à troquer son joli costume contre un bleu de chauffe plus utile. Sa gestion devant principalement reposer sur l'aspect financier, Zetchi ne devrait, à ce propos, pas trop se prendre la tête dans l'immédiat. La trésorerie fédérale affichant un fonds propre de près de 800 milliards de centimes, le successeur de Mohamed Raouraoua devrait surtout veiller à l'utiliser à bon escient et ne pas se retrouver dans la peau d'un Hamid Haddadj dont le court intermède à la tête de la FAF s'est avéré, après coup, une banqueroute pour sa caisse. Le régime économique d'une fédération n'ayant rien à voir avec la gestion au jour le jour d'un petit club comme le PAC, véritable sans-grade du football national, le nouveau patron de la FAF devra, à ce sujet, trouver la meilleure formule pour pérenniser les immenses rentrées d'argent sans pour autant être un dépensier à tout va. C'est, d'ailleurs, sur son bilan financier et la santé monétaire de l'institution qu'il préside qu'est jugée la réussite ou non d'un responsable de son rang. En parallèle, Kheireddine Zetchi doit impérativement ouvrir le brûlant dossier de l'arbitrage algérien. La détresse que renvoie le département présidé par Hammoum oblige presque le nouveau responsable de la FAF à effectuer rapidement une autopsie à même d'en connaître les véritables raisons et de trouver, urgemment, un remède qui rétablirait, surtout, un climat de confiance entre les différents acteurs du circuit national. Arbitrage, une question de confiance Que ce soit avec de nouvelles têtes qui n'ont jamais "trinqué" dans le soûlant monde du sifflet algérien ou avec de jeunes retraités qui en ont bavé et qui prônent le changement, le volet arbitrage déterminera, aussi, le degré de crédibilité de la nouvelle politique fédérale. Surtout si elle est accompagnée de mesures concrètes pouvant, enfin, endiguer cette spirale de la violence dans les stades qui a tellement fait de mal à l'image de marque du football algérien. Son prédécesseur, Raouraoua, avait, pour rappel, placé la barre un peu haut avec, l'on s'en souvient, pas moins de deux conseils interministériels pour tenter de trouver une plateforme idoine à même de mettre fin au fléau, sans pour autant que le résultat ne soit, finalement, au rendez-vous. C'est sur sa capacité à mobiliser les forces vives de la société civile et à impliquer les hautes sphères dirigeantes du pays que se dessinera la carrure du "Zetchi président de la FAF". Tout comme se dévoilera sa véritable aura lorsqu'on y verra plus clair dans cette promesse de centres de formation au nombre de quatre qui risque de pousser l'Etat à zapper son ambitieux programme d'un CDF pour chaque club professionnel. Saura-t-il convaincre les pouvoirs publics de mettre en application leur engagement de doter chaque club de l'élite professionnelle d'un centre de formation propre à lui ? Ne risque-t-il pas de se retrouver dans la peau d'un éventuel "sous-traitant" obligé de mettre sur pied les quatre centres qu'il a promis pour masquer l'incapacité de l'Etat à en bâtir 32, notamment en cette période d'austérité ? D'autant plus qu'en parallèle, se dégage sa propre responsabilité de président de la FAF quant à l'état actuel dans lequel se trouve la grande majorité des stades, appelés soit à être modernisés, soit restaurés, soit tout simplement mis aux normes pour être homologués. Outre la balance financière, l'arbitrage, les centres de formation et l'état des infrastructures, Kheireddine Zetchi aura aussi et surtout deux impératifs à régler : la DTN et l'EN. Grande tâche noire de l'ère Raouraoua, la direction technique nationale ne devrait, ainsi, plus fonctionner avec un intérim de longue durée, mais plutôt avoir, enfin, une philosophie de jeu, un programme moderne et une ligne directrice. Pour cela, la nomination d'un DTN de gros calibre (on évoque Rabah Saâdane) demeure, également, une priorité tout aussi prépondérante que la désignation d'un sélectionneur de réputation internationale pour l'EN. Et qui dit "grosse pointure internationale", dit aucune des têtes d'affiches habituellement citées dans l'entourage des Verts comme Roland Courbis. Kheireddine Zetchi en a promis une "dans les trois semaines". Ce sera, sans doute, un élément fort révélateur de ce que sera son mandat. Rachid BELARBI