Le 25 mars 2017, l'Union européenne célèbre le soixantième anniversaire de la signature des Traités de Rome, premier pas vers une Europe unie qui augura d'une période de paix et de prospérité partagées sans précédent entre des Etats qui, pendant des siècles, s'étaient fait la guerre. Le contraste avec la première partie du vingtième siècle ne pourrait pas être plus criant: le legs de deux guerres catastrophiques entre 1914 et 1945 résultait en des millions de morts et un continent prostré, dévasté et divisé. Dès les années 1960, cette Europe en construction commença à tisser des liens avec l'Algérie indépendante et, en 2005, un Accord d'association – le plus ambitieux type d'accord avec un pays tiers dans le dispositif légal européen – entre l'Algérie et l'Union européenne entra en vigueur. Le 13 mars dernier s'est tenue la dixième réunion ministérielle (Conseil d'Association) dans le cadre de cet accord, et nous pouvons constater que nos relations sont d'autant plus denses qu'elles couvrent pratiquement tous les domaines de coopération politique, économique, sociale et culturelle; ceci nous encourage à continuer notre dialogue en vue de dégager les voies et moyens qui serviraient au mieux nos intérêts communs. Toutefois, pour l'Union européenne, l'heure n'est pas au triomphalisme ni à l'autosatisfaction Le monde est en pleine mutation et le projet européen est remis en cause par les phénomènes de globalisation et de migration, par la montée des populismes, par les défis sécuritaires et par les replis identitaires. Ainsi, le soixantième anniversaire des Traités de Rome présente non seulement une opportunité de faire le point sur ce qui a été accompli mais également de réaffirmer les principes sur lesquels le projet européen est fondé. Il m'importe d'en mettre trois en exergue: la recherche de l'intérêt commun, de l'état de droit et de la solidarité. Une économie ouverte sur le monde Le mérite de rechercher l'intérêt commun peut paraître une évidence. Mais encore faut-il croire qu'il existe et que "l'autre" est également à sa recherche. Dans le climat de méfiance qui régnait en Europe à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, c'était un pari. Dans le domaine économique, en mettant en commun certains éléments de leur tissu industriel, en réduisant leurs tarifs douaniers et en s'attaquant progressivement aux autres obstacles à la libre circulation des biens, des services, des travailleurs et du capital, les pays fondateurs des Communautés européennes et ceux qui les rejoignirent par la suite, ont créé un marché unique – aujourd'hui le plus grand marché du monde. Loin de favoriser la fermeture de l'économie européenne sur le monde extérieur, ce marché unique a, au contraire, servi de tremplin à nos entreprises pour relever le défi de la globalisation. L'Union européenne est aujourd'hui la deuxième économie mondiale et le principal investisseur étranger dans la plupart des régions du globe. Un ordre international fondé sur le droit L'établissement du marché unique nécessita la mise en place d'un dispositif légal précis, transparent et appliqué de manière objective. Sans cela, le pari de l'Europe n'eut pas été possible. Si cet effort a parfois conduit à des dérives bureaucratiques, il a aussi fait de l'Union européenne un "géant normatif", dont la capacité d'assurer la protection de ses consommateurs et l'application de règles de concurrence loyale – y compris lorsqu'il s'est agi de confronter de grandes sociétés multinationales– est une référence bien au-delà de ses frontières. Une solidarité concrète Troisième élément dans le triptyque de la construction européenne, la solidarité fut mise en œuvre (au moyen d'instruments qui correspondent à des transferts de fonds entre Etats souverains, via le budget de l'Union, d'une amplitude sans aucune analogue historique) afin de permettre aux régions les moins développées, qui ne pouvaient pas concourir sur un pied d'égalité dans le marché unique, de rattraper les régions plus avancées. Les résultats ont été spectaculaires, et le fait que cette solidarité ait également bénéficié aux Etats et régions plus développés de l'Union, leur permettant d'élargir leurs marchés, est tout à son honneur. J'ai pris ici un exemple économique, mais on pourrait tout aussi bien relever les mêmes principes dans l'approche européenne à la coopération politique. Et ce qui s'applique aux évolutions internes de l'Union s'applique également à ses relations externes, exprimées à travers son engagement en faveur d'un partenariat privilégié avec les pays du Sud de la Méditerranée, son soutien aux institutions multilatérales (Nations unies, Organisation mondiale du commerce, etc.), son engagement pour la prévention des crises, la résolution des conflits, le développement durable ou la lutte contre le changement climatique; son approche de la migration ou de l'aide humanitaire. La recherche de l'intérêt commun par le dialogue et la propension au compromis; l'établissement d'une relation de confiance par une gouvernance transparente; et le souci d'inclusivité envers les plus faibles: voilà ce que je célèbre ce 25 mars. Si ces principes n'ont pas toujours été mis en œuvre de manière parfaite, ils ont néanmoins été essentiels au succès de l'Europe; je suis persuadé que la survie du projet européen en dépend et j'ose croire que ces principes – sur lesquels l'Europe n'a pas de brevet – sont également nécessaires pour faire face aux défis auxquels la planète dans son ensemble est confrontée. S. E. M. John O'Rourke Ambassadeur Chef de la Délégation de l'Union européenne en Algérie
Exposition aujourd'hui au Palais des Raïs À l'occasion du 60e anniversaire des Traités de Rome, l'ambassade d'Italie en Algérie organise ce samedi, au Centre des Arts et de la Culture du Palais des Raïs- Bastion 23, à partir de 15h30, une exposition intitulée "Ever closer Union". Lundi 27 mars, une conférence sur le thème "L'Intégration européenne et la Méditerranée" se déroulera en présence de représentants du ministère des Affaires étrangères, de l'ambassadeur d'Italie en Algérie, de l'ambassadeur de l'Union européenne ainsi que de personnalités du monde diplomatique, économique et universitaire. Les travaux débuteront à partir de 15h au Bastion 23.