Lors d'une récente activité de l'alliance islamiste Ennahda - El Adala-El Bina, l'un de ses leaders a clairement affiché l'ambition de se classer à la deuxième position lors des prochaines législatives. L'argument présenté repose sur le nombre des militants des trois partis islamistes réunis et sur "l'aura" accumulée au fil des ans par ses leaders respectifs, mais au-delà de ces données, cette alliance a-t-elle réellement les moyens de sa politique ? Ce triumvirat de formations, dont la naissance remonte à quelques mois seulement avant ces joutes électorales, présentera 45 listes à l'échelle nationale, en sus des quatre listes de l'émigration, nous ont confié des sources proches de cette alliance, en relevant que ces trois partis islamistes seront tout de même absents dans les wilayas d'Illizi et de Béjaïa, suite au rejet par l'administration, confirmé par la justice, de deux listes. Contraintes bureaucratiques obligent, le problème de la récolte de signatures s'est aussi posé à Sidi Bel-Abbès, où l'alliance, qui a bien réussi à rassembler plus de 2 500 signatures, voire plus que le nombre exigé par la loi, a vu sa liste invalidée. Mais ceci n'est pas une première, nous indique un cadre du mouvement Ennahda, qui rappelle qu'en 2012 déjà, la même situation avait permis de favoriser le candidat du FLN qui a raflé les 10 sièges à lui seul ! Qu'à cela ne tienne, le problème essentiel qui s'est posé est inhérent à la répartition des listes entre les trois partis islamistes ; en ce sens que pour façonner la cartographie électorale nationale des trois partis, il a été convenu de "répartir équitablement les têtes de listes entre les partis avec une tolérance de une ou deux personnes", a indiqué une source proche de l'alliance. Ce qui revient à dire que chacun des partis dispose de la première place dans 14 à 16 wilayas, et la deuxième et troisième position dans autant d'autres wilayas. Notre source note également le fait de "mettre en place des conditions pour la répartition des têtes de listes des wilayas, en fonction de l'ancrage des chefs de parti", en avançant à titre d'illustration que le parti de Djaballah se retrouve à Skikda, celui de Douibi à Sétif et celui de Belmehdi à Blida. De l'écueil juridique à la contestation interne Or, cette façon de faire n'était pas sans engendrer des frictions entre les bases militantes des mouvements, qui composent cette alliance, au sujet de certains choix, notamment celui d'imposer le député sortant d'El-Adala, Hacène Aribi, en tête de liste à Alger. Pour les militants et cadres du mouvement Ennahda, "cette personnalité ne reflétait pas les idéaux de cette alliance". De plus, logiquement, dans la répartition des grandes villes, puisque Constantine a été affectée à El-Adala et Oran à El-Bina, la capitale devait revenir à Ennahda, selon une source proche du parti. Mais, c'était compter aussi sans l'entente concoctée à leur insu, entre les deux autres alliés. D'ailleurs, "pour présenter deux candidats, chacun comme convenu, nous avions porté notre choix sur un militant de notre parti en sus d'un autre candidat non partisan, et de surcroît non islamiste. Soit un candidat neutre, nationaliste ou une grande personnalité. Mais on était mis devant le fait accompli, et surtout un dilemme. Soit laisser passer ou alors remettre en cause toute l'alliance", dira notre source, qui a fait état d'"une large contestation au sein de la formation d'Enahda, au point où beaucoup de candidats allaient se retirer, car n'ayant pas admis cette situation". Surtout que "le parti dispose des 4% obtenus lors des précédentes élections et des élus locaux, contrairement au deux autres partis, qui n'ont rien de tout cela", a-t-elle soutenu, en ajoutant que "la situation a failli bloquer les travaux des commissions communes où a régné une ambiance électrique pendant un temps". Le SG du mouvement Ennahda, Mohamed Douibi, interrogé à ce sujet, n'était pas de cet avis. Il a jugé cette ambiance "normale", en l'expliquant par "l'ambition et la concurrence entre les militants". "Ces cas personnels ont été réglés grâce au dialogue et au consensus pour laisser place à l'essentiel qui est de participer à ces joutes électorales et surtout de les remporter", dit-il encore. Notre interlocuteur en veut pour preuve que l'alliance planche déjà sur la campagne électorale lors de la rencontre dédiée aux candidats, où le plan d'action sera discuté, ainsi que les autres facettes de la campagne. Ainsi, en est-il du financement de la campagne, auquel les candidats vont contribuer, même si notre interlocuteur a précisé que cela ne relève pas d'un préalable à leur candidature. Pour en finir, l'alliance islamiste considère que pour atteindre ses objectifs, elle reste tributaire tout de même du degré de transparence du scrutin, comme le précisera le SG du mouvement Ennahda. "Nous avons bien sûr la chance de figurer parmi les premiers partis, mais cela reste tributaire du taux de participation des Algériens et de la volonté politique d'organiser des élections libres et transparentes", conclut-il. Amar R.