L'installation de ces autorités permettra de rendre opérationnelles les patrouilles mixtes. Parallèlement, la conférence de l'entente nationale préconise le dialogue avec Ag Ghali et Amadou Kouffa pour mettre fin aux violences. Après la mise en place avec succès en février dernier des autorités intérimaires à Gao, une des grandes villes du Nord, cosmopolitique et où a longtemps régné un climat d'insécurité, le comité de suivi de l'accord d'Alger, en réunion avant-hier à Bamako, vient d'annoncer l'installation des autorités similaires à Tombouctou et Taoudéni. Le processus avait été bloqué dans ces deux régions par un groupe armé, le Congrès pour la Justice dans l'Azawad (CJA), qui y a déployé ses hommes en exigeant son implication dans la démarche du Comité de suivi de l'Accord d'Alger (CSA). Selon BBC Afrique, qui cite le président du CSA, Ahmed Boutache, une solution a été trouvée au blocage, et les autorités intérimaires seront installées dans ces régions le 13 avril. M. Boutache n'a cependant pas donné de détails sur la solution trouvée. Mais tout porte à croire qu'une concession a été faite au CJA en acceptant son exigence de participer et, partant, certainement, l'impliquer dans la mise en place des patrouilles mixtes qui seront chargées de la sécurité dans ces deux villes. Cette avancée permettra de passer à la phase opérationnelle des patrouilles mixtes à Tombouctou et Kidal d'ici la fin du mois en cours. Cependant, l'évolution de la situation dans le Nord et les développements sécuritaires, notamment avec l'alliance créée par Ansar Eddine, le Mouvement pour la libération du Macina et El-Mourabitoune (Al-Qaïda), et la recrudescence des attentats terroristes risquent de compliquer davantage ou retarder, à tout le moins, le processus qui enregistre, par ailleurs, un grand retard. En effet, la mise en œuvre de l'accord signé à Alger et à Bamako a connu bien des couacs, à la fois en raison des tergiversations du gouvernement malien et des ex-rebelles du Nord (coordination des mouvements de l'Azawad) et la Plateforme d'Alger (pro-Bamako), mais aussi en raison de la persistance de l'insécurité et des attentats revendiqués par les mêmes mouvements terroristes. Et ils peuvent entraver l'accord, soit par les actes terroristes, les attaques contre les autorités ou les patrouilles mixtes, soit à travers les réseaux et soutiens dont ils disposent dans toute cette partie du pays. Le cas Iyad Ag Ghali, dont la tête a été mise à prix et qui demeure insaisissable, alors qu'il est dans la région, illustre parfaitement la difficulté et la complexité de la situation. Aussi garde-t-il intacte son influence sur une bonne partie de cette région désertique du nord. Ce qui expliquerait, du moins en partie, la recommandation de la conférence de l'entente nationale, qui s'est tenue du 27 mars au 2 avril, à Bamako, de négocier avec Ag Ghali et Amadou Kouffa, leaders des deux principaux groupes terroristes d'origine malienne. Selon le rapport de la conférence, le président Ibrahim Boubacar Keita, qui a toujours refusé de négocier avec les groupes terroristes, s'est montré, cette fois, plus souple en préconisant la mise en place d'un comité de sages dans la perspective d'entamer des pourparlers avec ces groupes. Souple, pour le président malien, pourtant intransigeant et hostile à toute négociation avec les criminels, semble être plutôt dans une posture d'acculé. Aussi pourra-t-il en ramenant la paix et la sécurité dans le Nord à travers ces négociations trouver de quoi meubler le triste bilan de son mandat. Parce que jusque-là, aucun de ses objectifs n'a été atteint. À l'insécurité et l'instabilité dans les régions du nord, son mandat été marqué par une instabilité politique structurelle. Djilali B.