Résumé : La jeune fille tombe sur une toile qui représentait un paysage du Sahara. Elle est subjuguée par les tons et les reflets des couleurs sur la toile. Mustapha lui dira que Tahar se trouvait au premier étage et que l'artiste n'était pas apprécié par sa femme. Il hausse les épaules. -C'est elle-même qui le dit. -Eh bien, elle ne doit pas le connaître assez. Il se met à rire. -Tu-veux prétendre que tu le connais mieux qu'elle ? Je hausse les épaules -Le peu que je connais de lui suffit à me renseigner sur sa personnalité. Mustapha me lance un regard curieux, puis propose : -Viens, allons le retrouver. Il sera sûrement heureux de te revoir. Tel un robot, je suis ce jeune peintre qui monte les grands escaliers menant à l'étage au-dessus. À peine la dernière marche entamée qu'un brouhaha de voix nous parvient. La foule s'empressait autour de quelques œuvres, et certains "connaisseurs" s'érigeaient en éclaireurs pour donner leur avis. On entendait des exclamations, des rires, des soupirs. Un monde de sens et de sensations ! Mustapha tend l'index. -Tu vois. Il est au fond. C'est le grand homme à la queue de cheval. Je me tourne vivement vers l'angle indiqué et reconnus tout de suite Tahar, mais cette fois-ci, il n'avait pas sa casquette. Il se retourne et me remarque. Quelque chose se produit alors. Laissant tomber tout le beau monde qui l'entoure, l'artiste enjambe un siège pour me rejoindre à l'autre extrémité de la grande salle. Il s'arrête à quelques pas de moi et me contemple avant de porter la main à sa joue droite. -Kahina ! -Oui. C'est moi. Il s'approche et m'embrasse sur les deux joues. -Je me suis tant demandé si je n'avais pas rêvé notre précédente rencontre. -Tu veux parler de notre rencontre d'il y a 4 ans ? -Oui, oui. Mais tout compte fait, je pense bien que je n'ai pas rêvé. Tu es bien vivante, Kahina. Et ma foi, tu es devenue une très belle jeune femme. Il remarque Mustapha qui se tenait à mes côtés et fronce les sourcils. -Que fais-tu là, toi ? Tu exposes dans le hall du rez-de-chaussée, n'est-ce pas ? -Oui maître, mais comme elle te cherchait, j'ai jugé opportun de l'aider. Tahar ébauche un sourire et je remarque ses dents gâtées par la cigarette. -Tu voulais l'aider ou tu lui faisais la cour ? Désarçonné, le jeune peintre balbutie. -Non. Je... -Non. Tu ne lui faisais pas la cour ? Quel imbécile tu es ! Mustapha devint cramoisi. Mais Tahar poursuit : -Une telle créature ne t'inspire donc pas ? Un brin de femme, aussi gracieux, ne remue rien dans ton être ? Pauvre de toi. Il est désolant de constater que j'ai perdu mon temps à t'enseigner la beauté. La vraie... Celle qui enflamme nos sens et nous rend heureux ou malheureux. Tu n'as rien compris à mes leçons. Pis encore, je doute fort que tu sois un artiste. (À suivre) Y. H.