Résumé : Dans une galerie d'art, un artiste peintre et un écrivain s'affrontent... Elle est modeste au point de se juger tout juste bonne pour des récits à l'eau de rose, mais lui, est convaincu que seuls les artistes étaient affublés d'un don providentiel... Quelqu'un s'approche de nous, et il se détourne de moi pour l'aborder. Tahar avait le don d'attiser les conversations, voire même de les rendre très agréables et très instructives. L'artiste dans toute sa splendeur affichait toujours ce sourire ironique pour donner suite aux interrogations des autres. Casquette vissée sur la tête, barbe hirsute, tempes grisonnantes, on le prendrait volontiers pour un pêcheur romantique. Ah ! La nostalgie du bon vieux temps ! Je repasse devant ses toiles et remarque effectivement que l'une d'elles reflétait un paysage marin, une mer qui s'étend à l'infini, une barque au bord de l'eau, sous un ciel brumeux, et des mouettes qui piquaient dans l'eau. Je ne me suis pas trompée. Tahar était un éternel nostalgique. Il aimait la mer, le grand air, et la liberté... Mais il lui manque toujours ce quelque chose qui lui permettrait de jouir de la vie et d'être heureux. Et pourtant, pour ceux qui ne le connaissent pas assez, il était un homme accompli. Notre rencontre remonte déjà à quelques années. J'étais encore une poétesse en herbe, qui cherchait ses mots pour traiter des maux ou simplement espérait réussir là ou les autres avaient échoué. Heu... je suis un peu snob sur les bords moi aussi... Je voulais ce qu'il y avait de mieux dans ce monde, mais pas quelque chose que les autres avaient déjà acquis. Tahar m'avait sermonné alors que j'exposais un de mes poèmes à côté d'une de ses œuvres : -Pourquoi es-tu triste dans tes expressions lyriques ?, m'a-t-il demandé d'un air qui en disait long sur ses pensées. -Heu... je ne trouve pas. Tu vois... je parle de soleil, d'amour... -Et d'eau fraîche, me coupe-t-il. Oui, je vois, mais je ressens aussi autre chose. Il soupire : -Comment t'appelles-tu donc ? -Heu...tu connais ma signature : Rym -C'est juste des initiales... R. Y. M. Je veux connaître ton vrai nom. Intriguée je demande : -Comment sais-tu que je... -Que tu signes sous un pseudonyme ? Il rit : -C'est simple à deviner. Il murmure : moi aussi, c'est ce que je faisais autrefois ! Alors entre artistes... Un peu désorientée par tant de franchise, je ne sais que répondre... Mais il insiste : -Alors ? Ton nom ? (À suivre) Y. H.