Tout en affichant leur disponibilité à se mettre autour d'une même table de discussions, les Libyens continuent toutefois de faire entendre le bruit des armes, surtout ceux de l'Est, soutenus par des puissances étrangères. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, poursuit sa tournée libyenne dans la capitale Tripoli, où il a rencontré hier le président du gouvernement libyen d'union nationale, Fayez El-Serraj, ainsi que d'autres membres du Conseil présidentiel qu'il préside aussi. Outre les efforts entrepris par Alger en direction des différents acteurs libyens pour rapprocher leurs points de vue pour une sortie de crise rapide et durable, M. Messahel a plaidé encore une fois en faveur d'un dialogue "inter-libyen et à l'intérieur de la Libye", a rapporté l'APS. "Nous sommes venus écouter nos frères à Benghazi comme nous le ferons avec nos frères des autres villes et régions", avait-il indiqué lors d'une rencontre mercredi soir à Benghazi avec les notables et personnalités locales des régions de l'Est de la Libye, appelant les présents à "faire prévaloir le discours favorisant le règlement de la crise et rejeter le discours hostile qui ne fera qu'envenimer la situation". M. Messahel a fait valoir la douloureuse expérience algérienne des années 1990 pour mettre en garde les Libyens contre la poursuite des violences armées et les sensibiliser sur le nécessaire retour à la table des négociations, seul moyen, selon lui, d'éviter à la Libye le pire des scénarios. De son côté, le président du Haut Conseil de l'Etat libyen, Abderrahmane Souihli, a estimé que "les Libyens peuvent se concerter et régler leurs problèmes à court terme, pour peu que cesse l'ingérence internationale négative dans les affaires libyennes." M. Souihli insiste sur l'impératif de "rejeter le principe du fait accompli par la force, mettre un terme aux hostilités entre Libyens et orienter les armes des Libyens contre le terrorisme." Concernant l'accord politique signé par les parties libyennes sous l'égide de l'ONU, M. Souihli a estimé qu'il pourrait faire l'objet de révision à la demande de toutes les parties, soulignant sa disponibilité à œuvrer à surmonter les obstacles qui entravent sa mise en œuvre. Pour rappel, la tournée libyenne de M. Messahel intervient dans un contexte marqué par une flambée de violences armées entre parties rivales, qui se sont étendues jusque dans le sud du pays, et un blocage politique qui met en danger tous les efforts diplomatiques déployés depuis le début de la crise en 2011. Par ailleurs, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a exprimé, jeudi, sa "préoccupation" quant à la situation autour de Timanhint, dans le sud du pays, où des combats intermittents continuent d'être signalés. La mission onusienne a précisé avoir reçu des informations sur des pénuries de nourriture, d'eau et de médicaments, ainsi que sur l'augmentation des coupures d'électricité. Selon la même source, il y a également des informations faisant état de familles qui fuient leurs maisons à Timanhint vers Sabha et Ubari. "Je demande à toutes les parties de cesser immédiatement toutes les hostilités pour éviter de nouvelles souffrances humaines inacceptables", a lancé Maria do Valle Riberio, représentante spéciale adjointe du secrétaire général, chef-adjointe de la Manul et coordonnatrice humanitaire. Lyès Menacer/Agences