Le plan anticrise du gouvernement Sellal n'a pas encore porté ses fruits en dépit de drastiques restrictions à l'importation et d'une cure d'austérité qui est en train de laminer le pouvoir d'achat des citoyens. Contrairement à ce qu'affiche le discours officiel, les indicateurs macroéconomiques de l'Algérie ne sont pas au vert. Déficit de la balance commerciale, déficit de la balance des paiements, chute des réserves de change, déficit important du budget, autant de signaux qui attestent de la poursuite de la dégradation de la santé financière du pays. Les derniers chiffres du commerce extérieur sont alarmants. L'Algérie enregistre un déficit de la balance commerciale de 2,74 milliards de dollars au cours du premier trimestre 2017, contre un solde négatif de 5,54 milliards de dollars durant la même période de l'exercice précédent, indiquent les statistiques douanières. À ce rythme, le déficit commercial dépassera les 10 milliards de dollars en 2017. Pis, les importations n'ont diminué que très légèrement. Elles ont atteint 11,68 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de l'année 2017, contre 11,86 milliards de dollars au cours de la même période de l'année dernière. À ce rythme, les importations s'élèveront à 46 milliards de dollars en 2017, soit un niveau très éloigné de l'objectif du gouvernement de ramener ces importations à hauteur de 35 milliards de dollars l'année en cours. Les exportations, en progression, à hauteur de 8,944 milliards de dollars, contre 6,32 milliards entre janvier et mars 2016, atténuent le déficit de la balance commerciale. Mais à ce rythme, elles s'élèveront à près de 36 milliards de dollars en 2017. L'Algérie, si rien ne bouge, n'aura pas donc pas suffisamment de recettes en devises, même si les prix du pétrole au second semestre dépassent la barre des 60 dollars. Car il ne faut pas oublier que les importations de services de l'Algérie dépassent les 10 milliards de dollars annuellement. Cette contreperformance rendue publique s'ajoute aux chiffres négatifs communiqués récemment par le gouverneur de la Banque d'Algérie relatifs au déficit de la balance des paiements. Les réserves de change sont passées de 114 milliards de dollars fin 2016 à 109 milliards de dollars à février 2017, soit un déficit de la balance des paiements estimé à 5 milliards de dollars. À ce rythme et suivant cette évaluation, les réserves de change pourraient chuter de 25 milliards de dollars entre mars et fin décembre 2017. Sur le plan budgétaire, le gouvernement annonce un important déficit en 2017 : 8% du PIB. À cela s'ajoute une inflation, en un mot une hausse des prix importante, 7% à fin février 2017. Tout cela montre que le plan anticrise du gouvernement Sellal n'a pas encore porté ses fruits. En dépit de l'institution de licences d'importation, synonyme de restrictions destinées à baisser la facture des importations, le gouvernement n'est pas encore parvenu à les compresser de manière importante. Cette situation atteste du peu de progrès dans la diversification économique et donc de son volet substitution aux importations. Elle pose la question de la pertinence du plan anticrise du gouvernement Sellal qui a fait l'économie de plusieurs mesures salvatrices suggérées par de brillants experts. Le bon sens indique que dans une situation de crise, il convient de mettre en œuvre des mesures qui augmentent et les recettes fiscales et les entrées en devises du pays. Ces solutions existent. Parmi les remèdes importants, une meilleure appréhension de l'assiette fiscale en s'attaquant aux rentes indues de l'immobilier, de l'import-import et les transactions de l'informel, la lutte contre les surfacturations, ainsi qu'un meilleur climat des affaires et des incitations pour drainer l'argent de la diaspora et les capitaux des investisseurs nationaux et étrangers. Ces alternatives sont différées en raison de l'obstination d'un gouvernement qui n'est pas à l'écoute des propositions pertinentes de plusieurs spécialistes en raison de conflits d'intérêts, de souci de préservation des acquis de la rente. En tout état de cause, si ces tendances financières ne sont pas inversées dans les prochains mois, voire au courant du second semestre de l'année en cours, l'Algérie court vers une cure d'austérité plus sévère dont le signal serait sans doute donné par la loi de finances 2018. K. Remouche