Le chômage ne recule pas rapidement en dépit des énormes investissements publics engagés et d'importantes liquidités enregistrées dans les banques. Les principaux indicateurs macrofinanciers sont au vert. Les réserves en devises dépassent les 100 milliards de dollars, soit plus de trois ans d'importations de biens et services au rythme actuel, indiquent les chiffres officiels rendus publics à l'issue du dernier Conseil de gouvernement. L'excédent de la balance commerciale en 2007 reste important. Les exportations se sont élevées à près de 60 milliards de dollars et les importations à hauteur de 27 milliards de dollars. Le solde positif de la balance commerciale se situe à 32 milliards de dollars. Ce qui suppose que la balance des paiements sera également excédentaire. Le solde s'est chiffré à plus de 12 milliards de dollars le 1er semestre 2007. Le volume de la dette extérieure se situe, lui, à 3% du PIB, soit environ 4 milliards de dollars. Cette situation financière exceptionnelle met à l'abri l'Algérie contre les chocs extérieurs et constitue un signal à l'investissement étranger. La croissance n'est pas fortement créatrice d'emplois Paradoxalement, le chômage ne recule pas rapidement en dépit des énormes investissements publics engagés ces dernières années. Son taux s'est situé à 11,8% en 2007 contre 12,3% en 2006. Le nombre de chômeurs reste important : 1,24 million de sans-emploi. Ainsi, la croissance globale reste modeste (plus de 3%) en dépit des importants investissements publics engagés : plus de 3 000 milliards de dinars en 2007, plus de 2 000 milliards de dinars en 2006 et l'augmentation des crédits à l'économie. Elle n'est pas, loin s'en faut, fortement créatrice d'emplois. Ce qui renvoie à des problèmes d'efficacité dans la dépense publique ainsi qu'aux difficultés des banques à traduire une bonne partie de leurs liquidités en projets créateurs d'emplois et de richesses. Les chiffres officiels occultent également les fragilités de l'économie nationale au plan macroéconomique. Des progrès dans la diversification de l'économie nationale ne sont pas enregistrés. Les hydrocarbures continuent à représenter 97% des exportations globales du pays. Les exportations hors hydrocarbures n'ont atteint que 1,3 milliard de dollars. Ils ne couvrent même pas la facture importations de céréales qui s'est chiffrée à 1,89 milliard de dollars en 2007. Ces chiffres occultent le déficit de la balance des services. Il s'est situé à près de 5 milliards de dollars en 2006.Les importations, du reste, enregistrent une croissance importante en 2007 (plus de 28%). En cas de retournement du marché pétrolier, ces difficultés vont s'exacerber. À la longue, les exportations hydrocarbures ne suivront pas la croissance ascendante des importations en cas de baisse importante des prix du pétrole. Les difficultés budgétaires vont s'accentuer. On peinera à payer les 1,5 million de fonctionnaires, lance un économiste. Si pour nombre d'experts, le ton est à l'optimisme, les prix du pétrole resteront élevés au cours des cinq prochaines années, les vulnérabilités de l'économie nationale sont porteuses de tensions sociales futures. Déjà, la dépendance à l'égard des importations, notamment alimentaires, exerce actuellement des pressions sur le pouvoir d'achat de la majorité de la population. Une telle fragilité invite de façon urgente à lancer une véritable politique encourageant une augmentation de l'offre locale. N. Ryad