Pour prouver sa bonne foi et sa volonté de coopérer, il accepte d'appeler son cousin pour l'informer de son arrivée dans la capitale des Zianides. Deux cousins et un complice ont été condamnés, mardi à Oran, à 20 ans de réclusion criminelle pour plusieurs chefs d'inculpation liés au trafic de drogue. Selon l'ordonnance de renvoi, Y. Kamel, Y. Mohamed et B. Mustapha ont tenté, un jour de juin 2015, de convoyer près d'un quintal de résine de cannabis de la ville de Maghnia à Oran. Kamel, qui conduisait le Renault Kangoo dans lequel 96 kg de kif étaient dissimulés, a été arrêté à un barrage de la gendarmerie près de Sabra, petite localité de 30 000 habitants, située à 25 km de Maghnia et à 30 km de Tlemcen. Interrogé, le conducteur dira que la voiture appartient à son cousin Mohamed qui devait initialement l'accompagner avant de se désengager à la dernière minute. Il jurera ignorer que de la drogue se trouvait à l'intérieur du véhicule. "J'avais des affaires personnelles à régler, et Mohamed avait proposé de m'accompagner. Comme il n'avait pas son permis, il m'a demandé d'utiliser sa voiture. Mais j'ignorais que je transportais de la drogue." Pour prouver sa bonne foi et sa volonté de coopérer, il accepte de téléphoner à son cousin pour l'informer de son arrivée dans la capitale des Zianides. Peu après, Mohamed rejoint son cousin à Tlemcen où il est aussitôt appréhendé par les services de sécurité. Il dénoncera un certain B. Mustapha, fermier de Maghnia, comme étant le propriétaire des stupéfiants. En tout cas, assurera-t-il, c'est ce Mustapha qui a chargé la drogue dans le véhicule utilitaire afin qu'elle soit transportée vers Oran. À l'issue de l'instruction judiciaire, les trois suspects sont inculpés pour divers chefs d'accusation dont importation, transport et commercialisation de drogue en bande organisée selon les articles 17 et 19 de la loi 18-04 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes. Lors du procès, Y. Mohamed changera de version et tentera de convaincre la cour d'être l'unique responsable de cette opération. "Mustapha et Kamel n'ont rien à voir dans cette affaire. C'est moi qui ai monté cette affaire, et la drogue m'a été confiée par un certain Samir", affirmera-t-il devant le scepticisme manifeste du président d'audience. "Tu veux t'accabler pour sauver les autres ?" "Non, répond l'accusé, c'est la vérité." De leur côté, ses co-accusés jureront ne pas être impliqués dans le trafic de drogue. Kamel répétera ignorer qu'il convoyait du kif et Mustapha expliquera que Mohamed l'avait incriminé pour se venger d'un affront qu'il lui avait infligé quelques semaines plus tôt. "Il venait s'encanailler devant chez moi avec des femmes. Un jour, nous avons eu une explication." Pour le ministère public, les choses ne sont pas aussi simples. "Les faits contenus dans le dossier d'accusation nous montrent que nous avons affaire à une bande organisée : un élément fournit la drogue, un deuxième organise le transfert et un troisième se charge du transport." Le substitut du procureur en veut pour preuve l'arrestation de Kamel en flagrant délit de transport de drogue, l'itinéraire choisi pour sa discrétion et les aveux des accusés lors des premiers interrogatoires. Pour lui, les éléments constituant le crime de trafic de drogue en bande organisée sont bel et bien établis, et il réclame la perpétuité pour les trois inculpés. La défense, elle, se scinde en deux parties : d'un côté celle de Y. Mohamed qui qualifie les aveux de l'accusé de courageux et réclame, pour cela, les circonstances atténuantes tout en tentant d'innocenter son client des chefs d'accusation d'importation et de commercialisation de drogue. De l'autre, les avocats des deux autres accusés prennent appui sur les aveux de Mohamed et la fragilité du dossier d'accusation qui "n'apporte pas de preuves matérielles de la culpabilité de leurs mandants" pour demander l'acquittement. Au terme des délibérations, la cour donnera raison au ministère public et condamnera les trois accusés à 20 ans de réclusion criminelle. S. Ould Ali