Cent trente-trois mille trois cent trente-sept (133 337) inscrits, 12 listes, 2 sièges à pourvoir et une campagne des plus moroses. Cela pour l'intendance électorale. Les législatives du 4 mai prochain ne semblent pas mobiliser grand monde dans la zone 4 (les Amériques et l'Europe moins la France). C'est notamment le cas au Canada, où la diaspora algérienne s'intéresse plus à la présidentielle française et à la Ligue des champions européenne qu'au scrutin législatif à venir. Sur les 12 listes validées par l'administration, 2 ont été déposées au consulat général d'Algérie à Montréal. Il s'agit de la liste du Front des forces socialistes (FFS) conduite par Mohamed-Arezki Ferrah et celle de la formation politique Fedjr El-Djadid pilotée par Houria Gaceb. Dans les cafés et autres commerces algériens, le sujet est presque zappé par les "manchettes" du jour. "Il y a des élections ?", ironise un tantinet moqueur Mustapha, les yeux rivés sur le clasico Barça-Real. Si d'autres compatriotes abordent la campagne électorale même du bout des lèvres, c'est pour vite changer de sujet. Et pourtant, les palabres s'éternisent quand on aborde d'autres thématiques. Cela n'a pas découragé pour autant les candidats qui s'échinent à faire du porte-à-porte à longueur de journée, notamment les week-ends. Le candidat du FFS a ouvert une permanence électorale à la rue Jean-Talon, à Montréal, où la plupart des commerces algériens sont concentrés. Cet architecte de formation n'est pas découragé par la démobilisation de la diaspora. Sur place, des affiches et des posters du leader historique du plus vieux parti d'opposition, Hocine Aït Ahmed, ornent les murs et la devanture du local. M. Ferrah et son équipe tentent de convaincre les citoyens d'aller voter le jour "j". Mais toujours est-il que les électeurs ne sont pas emballés. Salah livre sa pensée et décortique le désintérêt de la diaspora pour les élections législatives du 4 mai. Pour lui, ce n'est pas seulement l'effet des fraudes électorales antérieures qui découragent nos compatriotes. "Il y a aussi le fameux article 63 de la Constitution qui déclasse les membres de la communauté algérienne à l'étranger comme des citoyens de seconde zone. Alors quand on est discriminé de cette façon dans son propre pays, on ne peut pas espérer susciter quelque engouement pour élire des députés qui, une fois élus, vont disparaître des radars de la diaspora", explique notre interlocuteur. Un autre représentant d'un parti politique qui a tenté vainement de déposer une liste de candidats, dit comprendre maintenant pourquoi la diaspora tourne le dos au scrutin législatif. "Les citoyens sont déçus des mandats des anciens députés. Et puis, l'émigration algérienne est loin de figurer dans les priorités des pouvoirs publics", déplore-t-il. 3 listes ont été déposées sur les 8 dossiers retirés au consulat général d'Algérie à Montréal. Deux listes seulement ont été validées, puisque celle du Mouvement populaire algérien (MPA) a été rejetée. Quelque 11 000 électeurs sont inscrits sur le fichier électoral, avons-nous appris de sources consulaires qui précisent que 86 500 compatriotes sont immatriculés au consulat. Un seul centre de vote est prévu au siège du consulat algérien et un autre à l'ambassade d'Algérie à Ottawa. Une décision motivée par le refus formel du gouvernement du Canada d'autoriser toute délocalisation des bureaux de vote hors des chancelleries diplomatiques et consulaires accréditées au Canada. En 2012, ce sont les candidats du FLN et du FFS qui ont été élus députés. Y. A.