Des dizaines de jeunes ont chassé les militaires pour ensuite fermer la route menant du campement militaire de Tagma vers le centre de vote où ils étaient inscrits. Le vote des militaires inscrits massivement sur les listes électorales dans la wilaya de Tizi Ouzou n'a pas manqué de susciter la colère des habitants de cette région où le RCD a alerté l'opinion publique sur cette pratique qu'il avait qualifié de "fraude". La première réaction citoyenne dans ce sens a été enregistrée à l'ouverture des bureaux de vote dans la localité de Yakouren, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Selon plusieurs représentants de partis politiques, d'importants groupes de militaires se sont présentés dans les bureaux de vote non seulement pour glisser leur bulletin dans l'urne mais pour glisser d'autres bulletins au nom de leurs collègues soit-disant absents, et ce, en présentant des procurations. "Ce qui a suscité davantage notre colère c'est que leurs procurations étaient établies dans les casernes et non pas par les APC comme la loi l'exige", nous a expliqué un candidat du RCD qui estime que "cela relève d'une fraude". Devant une telle situation, des dizaines de jeunes ont réagi en chassant les militaires, dans un premier temps, et ont procédé, ensuite, à la fermeture de la route menant du campement militaire de Tagma vers le centre de vote où les militaires étaient inscrits. Une banderole sur laquelle était écrit : "Non à la fraude des militaires" était accrochée aux abords de la route. L'intervention de la gendarmerie à l'effet de lever les barricades dressées par les protestataires n'a pas manqué de créer une ambiance électrique. La situation a failli dégénérer à plusieurs reprises. Par ailleurs, les villageois d'Ibsekriène, dans la commune d'Aghribs, ont usé de la manière forte pour empêcher les centaines de militaires qui se sont présentés au bureau de vote de s'approcher des urnes. À l'entrée du centre de vote, des dizaines de jeunes procédaient systématiquement à la vérification de l'identité des personnes qui se présentaient pour glisser un bulletin dans l'urne. À chaque fois qu'un militaire était repéré il était refoulé. Les représentants du RCD ont saisi l'instance de surveillance des élections concernant le vote des militaires par procuration mais en vain. Les représentants locaux de cette instance ont mis en avant tout un arsenal réglementaire pour justifier la "légalité" de ce vote. Selon une source interne au RCD, au dépouillement, dans les centres où les militaires ont voté en grand nombre, les bulletins nuls étaient majoritaires. Les militaires étaient-ils donc instruits de voter blanc juste pour les besoins d'augmenter le taux de participation dans cette région connue pour son très fort taux d'abstention à chaque élection ? Samir LESLOUS