Les résultats définitifs des élections législatives dans la wilaya de Béjaïa sont jugés surprenants par les observateurs politiques de la région. Mais à y voir de plus près, ils ne sont pas aussi étonnants que cela. En effet, avec un taux d'abstention, qui a franchi la barre des 80% — le taux de participation étant de 18,51% —, toutes les prévisions sont possibles. Si on y ajoute les 6% de bulletins nuls sur le nombre de suffrages exprimés, tout pronostic est alors autorisé. Une élection singulière Le FFS s'est adjugé 4 sièges sur les 12 que compte la circonscription de Béjaïa avec un taux de suffrage exprimé en sa faveur de 20,63%, soit quelque 17 395 votants pour le parti de Hocine Aït Ahmed. Il est suivi du FLN (11,78%) et du RCD (9,83%), qui arrivent en seconde position avec 2 sièges chacun avec 9 936 et 7 907 des suffrages exprimés. À côté des partis politiques, le Rassemblement national démocratique (RND), le Front de l'avenir et le Rassemblement patriotique républicain (RPR) en l'occurrence, qui se sont adjugé un siège chacun, la liste indépendante, Initiative citoyenne, conduite par le maire de la commune de Tinebdar, Brahim Bennadji, a réussi à tirer son épingle du jeu en obtenant un siège aussi. Le RND a obtenu 6 027 voix, soit 7,15% des suffrages exprimés, le Front de l'avenir 4 965 voix, soit (5,89%), le RPR 4 530 voix, soit 5,37%. La liste Initiative citoyenne 4 402 voix, soit 5,22%. Cette dernière a réussi à dépasser la disposition de la loi électorale, notamment son article 94, qui prévoit l'obtention de 4% des suffrages exprimés. Une barre fatidique que n'ont pu franchir plusieurs partis politiques, à l'instar du PST, du PT, du MEN, de l'ANR, du FNA, du Front de la bonne gouvernance, de Tajaloua Amel El-Djazaïr, l'Alliance HMS et enfin la liste indépendante, Citoyens libres, conduite par Hamid Ferhat, l'ancien maire d'Aokas et ancien président de l'APW de Béjaïa, soutenue par les maires en exercice d'Ighzer Amokrane et de Tifra. À la lumière des résultats obtenus, on note en premier lieu le net recul des deux partis traditionnels de la région, le FFS et le RCD en l'occurrence. Le bénéficiaire, c'est incontestablement le FLN, qui a fait une percée en terme de voix exprimées en sa faveur. Son rival, le RND n'en a pas profité. Pis encore, il est même en recul. Si le FLN a pu garder ses 2 sièges parlementaires dans la région, ce n'est pas le cas du RND, qui n'a dû se contenter que d'un siège sur les deux, qu'il arrive à arracher habituellement lors des élections législatives. Il faut dire que la députée sortante du RND, Mme Zina Ikhlef, a réussi à exister en dehors de l'appareil de son ancien parti et à se maintenir en course. Et la surprise se situe à ce niveau. Les partis du Front de l'avenir, du RPR et de la liste indépendante Initiative citoyenne ont pu gagner un siège chacun alors que beaucoup avaient misé sur leur échec. En effet, les observateurs politiques ne s'attendaient sûrement pas à ce que ces trois listes arrachent un siège parlementaire et à éviter l'élimination des 4% de suffrages exprimés en leur faveur. Le travail de proximité, mené par les candidats de ces trois listes a été manifestement payant. Mais il faut dire que c'est la forte abstention, qui a caractérisé ces élections législatives, qui explique en grande partie ce comportement électoral. Elle a, certes, pénalisé le FFS et le RCD, qui perdent ainsi leur hégémonie sur la région quoique le FFS ait bénéficié du tiers des suffrages exprimés, le RCD s'est vu supplanter par le FLN en termes de voix exprimées, le FLN (11,78%). Ce demi-succès du FLN n'a pas permis au maire de Béjaïa et mouhafedh, Abdelhamid Merouani, de revêtir le costume de député. Après avoir échoué à se faire élire sénateur le 29 novembre 2016, il est encore recalé. M. Ouyougoute/L. Oubira