Résumé : Le mariage sera aussi hâtif qu'imprévu. Mustapha et Kahina convolèrent en justes noces et s'installèrent chez eux. Une année passe. Leur premier enfant vient au monde, une fille qu'on prénommera Rym. Tout semble aller pour le mieux dans le couple. Tout baignait donc dans l'huile. Je reprends aussi mes récits, que j'avais abandonnés depuis mon mariage, et le rédacteur en chef de mon quotidien me proposera même de faire de temps à autre quelques articles. On avait maintenant une opinion assez avantageuse sur mes talents journalistiques, et je ne pouvais que le reconnaître, cette proposition tombait à pic afin de me permettre d'arrondir les fins de mois de mon mari. Nous pouvions enfin penser à reprendre le décor de la maison, tel que nous le souhaitions : authentiquement rustique et chaleureux. Le traditionnel le disputera au contemporain, pour donner du relief aux angles du salon, du hall d'entrée et de la cuisine. La chambre de Rym, je la voulais plutôt amusante et gaie, avec les couleurs de l'arc-en-ciel. Mustapha passera des heures à peindre des fresques d'animaux et de contes pour enfants. Il voulait ce qu'il y avait de mieux pour sa fille, et ne me laissait pas le choix de participer à ce décor, qu'il s'est approprié sans même me consulter. Mais tout compte fait, je n'étais pas mécontente du résultat. La pièce était un réel paradis enfantin. Je termine mon année universitaire en décrochant mon diplôme en langues étrangères. J'étais plutôt fière de moi, et mon bonheur atteint son summum lorsque mon mari m'apprendra que, lui aussi, avait enfin obtenu son doctorat. Des années de labeur et de nuits blanches ont fini par porter leurs fruits. Nous étions enfin libres pour penser à travailler, à voyager et à faire des projets plus ou moins intéressants pour nous deux, et même pour Rym. Ma fille venait de boucler une année. Elle était splendide ! Tahar l'adorait et lui offrait de magnifiques cadeaux chaque fois qu'il nous rendait visite. Il était aussi un peu triste. Ses enfants et même son épouse l'avaient quitté pour vivre ailleurs. Il était redevenu aussi solitaire qu'un célibataire endurci. Pour le distraire, nous l'invitions souvent à la maison. Mustapha retrouvait son professeur, et moi mon idole. Il aimait les plats traditionnels, ce qui me permettait de le gâter à ma manière. Pour lui faire plaisir, nous lui demandions de se joindre à nous à chaque événements, et nous lui proposions aussi de nous accompagner lors de certaines sorties en plein air. Il redevenait alors cet artiste que nous avions connu et apprécié. Un jour, il nous avoue que si c'était à refaire, il aurait opté pour le célibat éternel dès sa jeunesse, et aurait passé son existence à voyager sans répit à travers le monde. Hélas ! Il avait épousé une femme qui n'a jamais su le combler ni le comprendre. Il avait alors cru trouver le bonheur auprès de ses enfants, mais ces derniers étaient plutôt enclins à écouter les propos acerbes de leur mère qui le traitait de rêveur et d'incompétent. Elle le trouvait insatiable dans ses ambitions et voyait ses œuvres comme celles d'un homme qui camouflait ses échecs, en vernissant des toiles. Je l'écoutais me raconter sa vie, sans trop comprendre comment il avait fait pour tomber sur une telle femme et vivre avec elle autant d'années. (À suivre) Y. H.