Les mouvements de protestation organisés par les employés de l'Entreprise publique de matériaux de construction (EPMC) à Tamanrasset et le soutien du SG de la section locale de l'UGTA qui a mené récemment une grève de la faim en signe de solidarité avec les travailleurs non rémunérés depuis 13 mois ont fait réagir la direction centrale de cette filiale polyvalente appartenant au Groupe des industries locales, Divindus. À l'issue d'une assemblée générale tenue en fin de semaine, le conseil d'administration aurait statué sur la situation de l'EPMC et décidé de mettre fin aux fonctions de son P-DG, Farid Benyeken. La révocation a été motivée par "l'examen des états financiers de la filiale au titre de l'exercice 2016", lesquels "laissent apparaître un déficit important ainsi qu'un climat social délétère marqué par des grèves successives et récurrentes", lit-on sur la notification de limogeage dont nous détenons une copie. La décision, signée par le président du groupe D. Mana, a également évoqué les griefs reprochés au responsable mis en cause et qui ont pour objet de "fausses déclarations, de manipulation de données et de dissimilation de la réalité économique de l'entreprise". À cela s'ajoute "l'insuffisance professionnelle", qui serait pour beaucoup dans le déficit et la crise financière ayant paralysé les activités de l'entreprise. L'administration centrale n'en reste pas là puisqu'elle a envisagé "l'opportunité de prendre d'autres mesures au regard du préjudice subi", lit-on sur le document, selon lequel Akbi Abdenacer, cadre dirigeant au niveau de la filiale du groupe Divindus, a été détaché à l'EPMC de Tamanrasset pour assurer l'intérim et la mise en œuvre des résolutions de l'assemblée générale portant, entre autres, sur la régularisation de 6 mois de salaire en attendant le dénouement de la crise. Les employés de l'EPMC, qui ne jurent que par le départ de l'équipe de gestion ayant conduit l'entreprise à l'impasse, exigent une commission d'enquête approfondie pour déterminer les véritables raisons de la faillite, en revenant sur la traçabilité des financements partis en fumée pendant que l'entreprise s'écroule sous le poids des dettes. Pour ne citer que cet exemple, le compte de l'EPMC auprès de la Cnas est débité de près 590 millions liés aux cotisations de la Sécurité sociale non versées. La situation du compte de cotisant, éditée le 3 avril dernier, fait état de plus de 110 millions de dinars de majorations de retard. Ce qui porte le montant global de la dette à près de 700 millions de dinars. RABAH KARECHE