La cyberattaque sans précédent qui a touché plus de 200 000 victimes dans le monde a sensiblement évolué pour atteindre au moins 150 pays en moins de trois jours. Hier encore, et à l'instar de plusieurs pays du continent africain, l'Algérie a été touchée par ce virus informatique dénommé Rançongiciel. Pour prévenir contre les effets dévastateurs, le géant américain Microsoft a lancé un avertissement à tous les gouvernements du monde pour signaler toutes les failles informatiques qu'ils auraient repérées dans leurs pays afin de localiser l'évolution de l'itinéraire de cette cyberattaque qui, selon des experts, pourraient déboucher sur un "cyber-chaos". "Les gouvernements devraient voir cette attaque comme un signal d'alarme (...) Un scénario équivalent avec des armes conventionnelles serait comme si l'armée américaine se faisait voler des missiles Tomahawks", a insisté Brad Smith, le directeur juridique de Microsoft. Et si pour le moment, le gouvernement algérien n'a pas communiqué sur cette opération qui s'apparente à une extorsion numérique de fonds, il est évident que la carte (actualisable), mise en ligne par le quotidien américain The New York Times, signale l'avancée de cette cyberattaque en Afrique du Nord, notamment en Algérie, au Maroc et en Tunisie, où on pouvait voir l'activité effective de ce virus. Rien ne dit que des cas isolés n'aient pas été enregistrés chez des particuliers ou encore que des attaques n'ont pas eu lieu dans des entreprises algériennes, d'autant que l'office européen des polices (Europol) parlait de plus de 200 000 victimes. Hier, Europol a révélé qu'"il y a de nombreux responsables de la sécurité Internet qui ont fait leur travail durant le week-end et ont procédé aux mises à jour des logiciels de sécurité". Contacté par nos soins, Mohamed Boussaboune, expert en informatique et développeur de logiciels, a affirmé que "cette cyberattaque devra servir de leçon aux entreprises et aux particuliers qui recourent à des systèmes d'exploitation, des logiciels et des antivirus piratés et téléchargés sur des sites web. Ces systèmes ne sont pas éligibles aux mises à jour et exposent les entreprises, comme d'ailleurs les particuliers, à un véritable crash". Interrogé sur les mesures à prendre dans ce genre de situation, M. Boussaboune a indiqué que "la mise à jour des systèmes d'exploitation est prépondérante dans la sécurité informatique". Ce n'est pas un hasard si Kaspersky ou encore Windows exigent des mises à jours ponctuelles. L'attaque, qui a débuté vendredi dernier et qui a touché des banques, des hôpitaux et des agences gouvernementales, a ravagé des centaines de milliers d'ordinateurs, surtout en Europe où Rançongiciel a exploité une faille dans les systèmes de Windows et a verrouillé des fichiers en forçant les utilisateurs à payer 300 dollars (275 euros) pour en recouvrer l'usage. Selon des experts français en sécurité informatique, "il faut s'attendre à des répliques régulières dans les prochains jours". F. BELGACEM