L'étude de faisabilité de cette infrastructure est en cours de réalisation. Le Maroc a supplanté l'Algérie dans le projet de gazoduc transaharien devant relier le Nigeria à l'Europe. Profitant de l'abandon du projet Galsi reliant ces deux régions, via l'Algérie, il a réussi à conclure avec le Nigeria le lancement de cette infrastructure censée, désormais, transiter par le Maroc. Le Maroc semble vouloir en faire une de ses priorités à l'échelle africaine, ravivant de fait ses rivalités régionales avec l'Algérie. Le royaume chérifien fait le forcing pour faire aboutir ses projets sur le continent. Il vient de lancer l'étude de faisabilité de projet de gazoduc qui le reliera au Nigeria. L'accord qui s'y rapporte a été signé lundi 15 mai, à Rabat. Il l'a été entre la Compagnie pétrolière nationale nigériane (NNPC) et l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) marocain. L'étude de faisabilité du projet prendra un an, sous la supervision d'un comité de pilotage géré par les entreprises publiques. Neuf mois supplémentaires seront nécessaires pour l'ingénierie et la conception, à l'issue desquels une décision finale sera annoncée, et le projet pourra débuter. Ce gazoduc en projet, long de 5 000 km, va en fait prolonger le West African Gas, un pipeline qui relie depuis 2010 le Nigeria au Ghana en passant par le Bénin et le Togo. Il est possible qu'il soit étendu vers l'Europe via l'Espagne. Et la question de son financement ? L'organisation d'un tour de table financier est une étape cruciale pour mobiliser les sources de financement du projet. Le fonds souverain du Maroc, Ithmar Capital, et celui du Nigeria, Sovereign Investment Authority (NSIA), semblent bien partis pour lui donner une solide assise financière. En avril dernier, le roi avait appelé les institutions financières arabes et islamiques qui avaient tenu leurs assemblées générales à Rabat à se mettre à contribution. On ne sait rien pour le moment de ce qu'il est advenu de cette proposition. De ce côté-là, le Maroc et son partenaire le Nigeria auront, toutes proportions gardées, réussi là où les pays promoteurs du gazoduc Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP) auront échoué. C'est par manque de financement, entre autres raisons, que le TSGP a été mis en veilleuse. Et il est peu probable qu'il puisse "survivre" et être remis en selle dans sa forme actuelle. Le gazoduc Trans-Saharan Gas Pipeline, sans relief sur le terrain de la concrétisation, est sur le papier depuis plus de dix ans. Il devrait relier le Nigeria à l'Europe via le Niger et l'Algérie. L'Algérie et le Nigeria, deux Etats pétroliers qui ont du poids sur le continent noir, avaient fait en sorte que ce projet aboutisse. Ainsi, ils avaient multiplié les initiatives pour le promouvoir, le faire connaître, pour trouver des financiers. Des conférences avaient été, à cet effet, organisées au Nigeria et en Belgique. Le TSGP constitue, pour Sonatrach, une grosse affaire au sens économique du terme, à l'échelle de l'Afrique. Ce gazoduc, c'est dix milliards de dollars d'investissements. Le TSGP est destiné à acheminer vingt à trente milliards de mètres cubes de gaz naturel du Nigeria vers l'Europe via l'Algérie et le Niger. Le gazoduc intercontinental est d'une longueur totale de 4 128 km dont 1 037 traverseront le Nigeria, 841 le Niger et 2 310 l'Algérie jusqu'à la côte méditerranéenne. Il devrait être doublé d'une route transaharienne et d'un câble en fibre optique. La société britannique Penspen/IPA a confirmé la faisabilité de ce projet. Mais il est encore à l'état de projet. Les autorités africaines expriment très clairement dans leurs discours qu'ils veulent donner naissance à des projets structurants dans le secteur de l'énergie, et le TSGP en fait partie. Pourtant, dans les faits, peu de choses se font. Que de ratés ! Youcef Salami