L'Iran espère toujours parvenir à un accord avec l'Union européenne (UE) lui permettant une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, a déclaré le président iranien, Mohammad Khatami, hier à Vienne. L'Iran “espère trouver une solution” avec les trois pays de l'UE — Allemagne, France et Grande-Bretagne — qui “préserve notre droit à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, tout en écartant l'inquiétude de nos collègues européens” sur une éventuelle utilisation militaire, a déclaré le président iranien après des entretiens avec son homologue autrichien, Heinz Fischer. Les négociations avec la troïka européenne achoppent sur la volonté de Téhéran d'enrichir l'uranium, ce que refuse l'UE. L'Iran est accusé par les Etats-Unis et Israël de mettre au point l'arme atomique sous le couvert d'un programme nucléaire civil. Mais le chef de l'Etat iranien, qui ne se représentera pas à la prochaine élection présidentielle de juin, a encore répété le refus de son pays de se doter de toute arme de destruction massive, y compris nucléaire, en tant que signataire du Traité de non prolifération. “Nous devons interdire les armes de destruction massive”, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse. Les négociateurs européens et iraniens doivent se retrouver la semaine prochaine. La troïka de l'UE demande à l'Iran de maintenir la suspension de l'enrichissement en échange d'une coopération économique, commerciale et politique. Le dignitaire religieux iranien a expliqué qu'en revanche, son pays, grand producteur de pétrole, se devait de préserver ses réserves d'hydrocarbures qui s'épuiseront un jour et aller vers l'énergie nucléaire. “Il nous faut préserver notre pétrole pour les générations futures” d'autant que son utilisation “a des effets négatifs sur l'environnement”, a-t-il dit. De plus, a-t-il rappelé, Téhéran veut pouvoir disposer avec le nucléaire civil “de hautes technologies d'avenir”. Interrogé sur l'Irak, le président Khatami, qui appartient à l'aile modérée de la République islamique, a affirmé qu'“aucun groupe” ethnique ou religieux ne devait l'emporter dans ce pays et il a apporté son soutien aux déclarations en ce sens du grand ayatollah Ali Sistani, la figure religieuse emblématique des chiites d'Irak. Il a souhaité une normalisation dans ce pays voisin de l'Iran, en notant même que “de pauvres jeunes Américains sont aussi les victimes” du conflit. M. Fischer a, comme son hôte, souligné la bonne qualité des relations bilatérales entre l'Autriche et l'Iran. Lors d'une visite de travail d'une journée en Autriche, avant de gagner la France aujourd'hui, M. Khatami devait aussi rencontrer le chancelier (conservateur) Wolfgang Schuessel.