"Le danger n'est pas tant de vivre au milieu des immondices, mais de s'en habituer !" Alors, passe que l'air d'Alger et de sa banlieue soit encrassé par ces vide-ordures improvisés à l'emporte-pièce, mais de là à ce que l'effet de contagion va jusqu'à infecter le littoral d'"El-Âassima", il y a comme un pas vite franchi vers l'indécence collective. D'où l'inquiétude d'engager une réflexion autour de quoi sera fait demain. Notamment lorsque la mer s'en trouve envahie à son tour par les déchets ménagers, que nos niches à ordures des cités-dortoirs n'en peuvent plus de contenir ! À ce propos, notons le désarroi de cet homme-grenouille qui s'horrifiait de la découverte d'une pile de... "couvertures" au fond du port d'El-Djamila à Aïn Bénian ! La scène est d'autant cocasse, du fait que la surprenante image aurait marqué les esprits lors de l'opération "Ports et barrages bleus" qui en est à sa 5e édition. Certes, que ç'aurait été du "réchauffé !" Donc normal s'il ne s'agissait seulement que de pneus usés, de sachets en plastique ou d'un amas de canettes ayant servi à honorer Bacchus sur les quais de l'ancienne Madrague de l'ancien Guyotville. Mais de là à remonter au treuil un baluchon de couettes, force est d'admettre qu'il y a comme de l'alerte dans l'air ! D'où l'impératif d'asseoir au plus vite un calendrier dit "plan d'urgence" pour prétendre nettoyer les ports de bled Sidi Abderrahmane et d'autres villes marines ! Autrement, la capitale requiert un programme qui soit permanent au lieu d'une opération ponctuelle, faite beaucoup plus pour amuser la galerie. D'autant que l'on s'attend d'ici peu à ce que le large soit envahi d'heureux marins pêcheurs titulaires d'autorisations de "pescatourisme", appelés à promener leurs passagers à bord de navires de plaisance flambant neufs et dotés d'équipement de pêche. De la sorte, la promenade dans le style "bateau-mouche" aura ses retombées désastreuses en matière de jets de mégots et de gobelets de café. Outre cela, il sera également loisible au touriste d'acheter du poisson frais et au prix promotionnel directement auprès du pêcheur ou à la pêcherie de la rue d'Ankgor et du port d'El-Djamila. Avec un tel procédé de négoce et au prix où se négocie la sardine, gageons qu'il sera difficile de mettre une "mechta" de sardine dans la poêle à frire du citoyen lambda. C'est dire que l'on est loin du but que s'est assigné la direction de la pêche de la wilaya d'Alger dont "l'optique recherchée est de parvenir à l'essor d'une pêche... responsable et d'une aquaculture durable" (sic). Autre fadaise ! La pêche au thon rouge qui est inaccessible au panier de la ménagère et qui n'a d'autre alternative que d'opter pour la boîte de thon de la superette d'à côté. Pour conclure, la propreté de nos ports exige une approche de la dimension d'un plan Marshall. Louhal Noureddine