Outre le non-paiement des situations de travaux de projets réalisés et les créances détenues auprès de l'Etat à cause de la crise, l'absence de plans de charge précis a mis les entreprises publiques dans une situation financière précaire. L'assainissement des EPE, décidé par le gouvernement, a toujours consisté à effacer leurs découverts. L'Exécutif s'est toujours contenté de soulager ces PME de leurs charges financières et de remettre leurs compteurs à zéro en attendant... le prochain déséquilibre financier ! Or, ces sociétés ont besoin beaucoup plus d'un véritable plan de charge et de crédits d'investissements dans le but de pérenniser leur activité, de leur permettre de rebondir de nouveau et de reprendre leur place sur le marché. Cependant, les temps ont changé. Les années fastes vécues par le pays grâce à des recettes pétrolières conséquentes, ne sont qu'un lointain souvenir. Aujourd'hui, les caisses se sont vidées. Les ressources se sont taries. L'austérité a remplacé l'opulence. Résultats des courses : il n'y a plus d'argent pour redresser la situation de ces entreprises. Le Trésor public ne peut plus voler au secours de ces EPE déstructurées. La Banque d'Algérie n'est plus en mesure d'émettre sans dévaluer davantage le dinar. Pour l'économiste Ferhat Aït Ali, il y a une volonté délibérée de mettre les entreprises en difficulté dans le but de recourir indubitablement à l'importation. Tous les moyens sont bons-quitte à perturber les grands groupes privés- pour orienter la devise vers les ports et la dépenser dans des opérations d'importation au lieu d'accompagner avec, les entreprises productrices locales à se développer. Et le maintien en vie de quelques entreprises en leur apurant leur découvert et assurant les salaires, a donc pour objectif final, estime M. Aït Ali, de contraindre ces salariés à consommer des produits en provenance d'outre-mer. Le maintien de ces sociétés en état végétatif a pour but, affirme également cet analyste, de les préparer à une privatisation presqu'au dinar symbolique, au profit de quelques repreneurs qui forment le clan des décideurs. Les solutions pour ces entreprises résident ainsi, suggère M. Aït Ali, dans leur octroi de plans de charge. C'est le cas de l'entreprise Alfapipe, spécialisée dans la fabrication d'oléoducs et de gazoducs, menacée de disparition si aucune commande n'est passée par Sonatrach, son client principal. Chercher des financements alternatifs Le dernier plan de charge en partenariat avec la compagnie pétrolière nationale est achevé. Le syndicat, les quelque 1 500 travailleurs et les cadres, répartis entre les 2 unités de production (Annaba et Ghardaïa), sont inquiets de l'avenir de leur entreprise qui risque de fermer faute d'un plan de charge conséquent. Ces entreprises ont besoin aussi d'un éventuel plan social, à travers une réduction d'effectifs selon les normes requises, d'une révision de leur management, d'une technologie et d'un savoir-faire dignes de ce nom. Les entreprises du secteur public doivent, désormais, recourir à d'autres modes de financement que les subventions de l'Etat. Il s'agit de financements alternatifs puisque les banques et le Trésor ont avoué leur incapacité à cause de la conjoncture économique difficile que vit le pays. On cite à ce propos le recours à la Bourse d'Alger, qui reste un moyen efficace pour lever les fonds surtout par les entreprises bien structurées et ayant des ambitions à long terme. Cela étant, le fait que l'introduction à la Bourse de huit entreprises publiques, dont trois cimenteries du groupe Gica, n'ait pas abouti, risque de dissuader les responsables de ces EPE à choisir une telle option. Il n'y a pas eu d'entrée à la Bourse d'Alger des trois cimenteries du groupe Gica, tout autant que de l'opérateur public de téléphonie Mobilis, l'assureur Caarw ou la banque CPA. Pour pallier le concours des établissements financiers, les EPE peuvent recourir en outre au financement par des produits bancaires nouveaux, à l'aide des fonds d'investissement et au partenariat public-privé.