La colocalisation est un concept industriel devenu, en l'espace de quatre ans, la marque de fabrique du groupe Cevital qui en a fait un nouveau "levier de croissance" en Algérie. "La colocalisation comme accélérateur de la croissance industrielle" est le thème d'une conférence-débat animée hier par le capitaine d'industrie et président du groupe Cevital, Issad Rebrab, à l'invitation de l'Ecole supérieure d'économie d'Oran. Dans un amphi investi par les étudiants et d'autres invités d'horizons professionnels divers, le fondateur du groupe a démontré le bien-fondé de la colocalisation, à travers l'acquisition d'entreprises étrangères en difficulté, illustrant particulièrement ses propos à travers le dossier Brandt. Mais avant d'évoquer la réussite de ses démarches, M. Rebrab est revenu sur les gammes d'activité de Cevital, "premier groupe industriel du secteur privé en Algérie, avec 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires par an et 18 000 collaborateurs" et "premier contribuable en Algérie après Sonatrach". À titre d'exemple montrant l'importance de Cevital dans le tissu industriel algérien, sa raffinerie d'huile, la première en Europe et en Afrique, avec 1 million de tonnes par an, sa raffinerie de sucre, la première au monde avec 2,75 millions de tonnes annuellement. "Une production destinée à compléter la satisfaction des besoins du marché national", dira le conférencier, soulignant que le groupe n'exerce aucun monopole sur le sucre. "Il y a 5 autres raffineries de sucre et nous n'en avons qu'une seule", expliquant que l'excédent de la production est exporté vers 30 pays différents. Une parenthèse en réponse, si besoin est, aux accusations ciblant Cevital sur le terrain du "monopole". Le patron du groupe évoquera aussi son investissement dans le plus grand complexe de verre plat en Afrique. Abordant la colocalisation, thème de la conférence, il dira que jusqu'à 2013, les investissements de Cevital étaient réalisés presque exclusivement en Algérie et que "pour trouver des leviers de croissance, il fallait aller vers l'investissement à l'international", citant, en premier, l'exemple d'Oxxo, leader français de fenêtres et portes en PVC, racheté en 2013. Le deal, dans toutes ces acquisitions, aussi bien pour Brandt en France, Alas en Espagne ou le complexe sidérurgique en Italie, est la préservation de l'emploi. Une réalité incontournable dans la logique européenne qui cherche, coûte que coûte, à sauver les emplois dans un contexte de crise économique aiguë. Si le groupe arrive à respecter ses engagements ailleurs, en sauvant les postes de travail, ou du moins une grande partie (280 employés repris sur 410 salariés à Oxxo, 1 200 salariés récupérés sur 1 800 à Brandt), la colocalisation a permis à Cevital de créer 3 000 postes d'emploi à Bordj Bou-Arréridj, avec la perspective de 7 500 autres pour le démarrage, avant la fin de cette année, d'un mégaprojet à Sétif, pour une production de 8 à 10 millions d'articles électroménagers Brandt par an. Pour Issad Rebrab, l'acquisition de Brandt, avec ses 1 300 brevets, ses 4 marques de renommée mondiale et son réseau de distribution mondial a permis à l'Algérie de jouer dans la cour des grands. Sa gamme de machines à laver produites sur l'ancien site de l'usine Samha a décroché le prix Janus de l'industrie française. Pour l'histoire, le lave-linge Top Intellect de Brandt, lauréat 2016 des Janus de l'industrie, est fabriqué à l'usine de Sétif, inaugurée en 2014 après le rachat de la marque Brandt. À ce propos, le patron de Cevital s'est, de nouveau, rappelé à ses détracteurs en déclarant qu'"on n'a pas démonté des usines d'occasion pour les réinstaller en Algérie", allusion, encore une fois, à des accusations sur de prétendues tentatives du groupe d'introduire des équipements usagés en Algérie. M. Rebrab évoquera aussi les projets d'investissement en Afrique et, plus particulièrement, en Ethiopie et en Côte d'Ivoire, et insistera sur les ressources humaines, véritable richesse du groupe. Saïd OUSSAD