L'action avait pour but de protester contre une émission "à sens unique" que cette radio a avancée d'une journée pour permettre au directeur du port de Béjaïa de s'exprimer seul et sans contradicteur sur l'affaire du blocage des équipements importés par Cevital. Les membres du comité de soutien aux travailleurs de Cevital sont déterminés à continuer à se battre, disent-ils, jusqu'à ce que le déblocage des équipements importés par le groupe pour son unité de trituration de graines oléagineuses de Béjaïa se concrétise. En effet, hier, les membres dudit comité ont observé un rassemblement devant le siège de la radio Soummam. La raison ? La radio locale a invité à son journal de 12h le P-DG du port de Béjaïa pour s'expliquer sur les mobiles qui l'ont poussé à refuser à deux reprises l'accostage de navires transportant des équipements importés par Cevital pour son unité de trituration de graines oléagineuses. Des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Non au blocage de l'investissement dans notre wilaya" ; "Non à l'étouffement économique de notre wilaya" ; "Non à la mort programmée de nos entreprises" ; "Rendez-nous notre outil industriel, pris en otage" ; "Justice pour Béjaïa, ses travailleurs, ses emplois et ses investisseurs" ; "Béjaïa a droit à son unité de trituration" ont été accrochées devant l'entrée du siège de la station par les manifestants. "La radio a programmé un tête-à-tête entre un représentant de Cevital et le P-DG du port pour demain (aujourd'hui, ndlr), dans le cadre d'une émission consacrée aux blocages des équipements de Cevital par le port. Cevital a remercié la radio de l'avoir invité à cette émission. Seulement, il se trouve que le directeur général en charge du dossier, Saïd Benikène, est actuellement à l'étranger. Il serait ravi de venir participer à l'émission la semaine prochaine", nous a fait savoir Mourad Bouzidi, opérateur économique et membre du comité de soutien. Et d'ajouter que "contre toute attente, la radio a avancé l'émission pour aujourd'hui (hier, ndlr) en invitant uniquement le P-DG du port à son journal de midi pour s'exprimer sur cette affaire". "Nous sommes ici pour dire au P-DG du port de sauver les emplois et de permettre l'accostage des navires, le déchargement des équipements et la réalisation de l'unité. Aussi pour lui dire que ce n'est pas seulement les navires qu'il a renvoyés, mais aussi 1 000 emplois directs et 100 000 autres indirects", précise notre interlocuteur. À noter qu'à la fin de l'émission, le P-DG du port a quitté furtivement la station sous les cris : "Assa, azekka, Cevital tella tella" (aujourd'hui et demain, Cevital sera toujours là) des manifestants. Par ailleurs, le groupe APW du RCD à Béjaïa a rendu publique, hier, une déclaration dans laquelle il "constate avec regrets que, contrairement au discours officiel tendant à encourager l'investissement hors hydrocarbures (...)", l'on continue d'enregistrer, dans les faits, des "entraves" dressées contre les chefs d'entreprise. Le groupe APW du RCD constate "un acharnement contre toute force vive de notre wilaya dans le domaine économique" et déplore qu'on veuille apparemment rendre la région "peu attractive" aux yeux des investisseurs. "À défaut d'attirer les investisseurs d'autres wilayas ou étrangers, notre région perd ses propres hommes d'affaires qui cherchent ailleurs un climat plus clément. Le cas particulier du groupe Cevital est édifiant à plus d'un titre", ajoutent les élus du RCD. Les rédacteurs du document signalent qu'ils ont appris "avec stupéfaction que l'enquête commodo incommodo, dont l'arrêté d'ouverture est signé par le wali, a été tout simplement annulé sur injonction dont l'auteur n'est pas identifié". Le groupe RCD demande "d'inscrire à l'ordre du jour de la prochaine session APW un débat général sur tous les blocages dont les opérateurs économiques de la région font l'objet et, en particulier, le groupe Cevital" et "interpelle M. le Premier ministre à l'effet d'instruire tous les responsables au niveau national et local de tout mettre en œuvre pour la poursuite des programmes de développement prévus". L. OUBIRA