À peine installé, le gouvernement Tebboune, crédité de bonnes intentions, enregistre son premier ratage. Erreur de casting : le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Messaoud Benagoun, est limogé par le président de la République. Passé ce second scandale, après celui de la nomination de deux ministres des Affaires étrangères (Lamamra et Messahel) dont l'ordre a été rétabli trois jours après, Tebboune commence ainsi sa mission sur un faux pas, qui risque de lui être préjudiciable, notamment pour sa crédibilité. Donc, hormis cet accident de parcours, appelé peut-être à devenir un handicap, globalement, l'équipe constituée autour du Premier ministre paraît plutôt homogène et surtout plus apprêtée à la discipline et à la cohésion. D'autant que Tebboune bénéficie du soutien de la majorité FLN (à l'Assemblée nationale et dans son Exécutif), l'autre partie est constituée de managers et de walis, des technocrates dont les missions sont plus exécutoires que politiques. Sauf que jusqu'à présent, le Premier ministre s'est contenté de donner les contours de sa feuille de route en précisant qu'elle s'inscrit dans la continuité du travail accompli par son prédécesseur. Autrement dit, Abdelmadjid Tebboune ne va pas innover pour faire face à la crise ; il reprendra les mêmes éléments de solutions préconisées par Abdelmalek Sellal. Parallèlement, M. Tebboune évoque la concrétisation ou la matérialisation du programme du président de la République alors que celui-ci a subi des coupes et un remodelage qui le situent déjà à une distance des budgets dispendieux et des dépenses à vocation populiste pour acheter la paix sociale. Une démarche à deux axes contradictoires dont le nouveau Premier ministre maintiendra la confusion en cette sensible période avec aussi au proche horizon de deux importantes échéances électorales que son gouvernement doit préparer "dans la sérénité". Il n'évoquera pas, par ailleurs, le nouveau modèle économique élaboré par le gouvernement Sellal et se contentera d'annoncer la poursuite de sa mise en œuvre. Et difficile, semble-t-il, pour lui d'assumer de le définir comme un recadrage budgétaire qui doit passer immanquablement par une réduction drastique des dépenses publiques et une hausse des taxes pour équilibrer le budget de l'Etat. Pour ce faire, les technocrates, réputés pragmatiques et sans état d'âme, pourront s'acquitter de cette tâche. Cependant, une telle option serait en porte-à-faux avec les promesses du Premier ministre qui a déclaré maintenir parmi ses priorités les projets à caractère social dont le logement, la santé et l'éducation. Ce qui induira des réajustements de la fiscalité avec un élargissement de l'assiette qui affectera en conséquence les ménages. Toutefois, ce gouvernement ne s'inscrit pas dans la durée et, partant, n'est pas appelé forcément à élaborer des projections à court ou long terme. Il est chargé de la gestion des affaires courantes jusqu'à l'échéance de la cruciale présidentielle de 2019. Et même pour cela, il aura bien besoin d'une réelle volonté politique étant donné les résistances qui ne manqueront pas de surgir. Un atout qui a toujours manqué aux gouvernements algériens. Sans exception. Djilali B.