La commission de suivi des décisions de la tripartite n'a pas été encore installée. Contacté par Liberté, Boualem M'Rakach, président de l'organisation patronale CAP, considère que les problèmes posés en tripartite depuis plusieurs années ne sont pas toujours réglés : principalement l'accès au foncier industriel, en un mot aux terrains d'assiette destinés aux projets d'investissement, les entraves bureaucratique à la création d'emplois et de richesses, ainsi que les abus de l'administration. Selon lui, le gouvernement Tebboune doit impérativement régler les difficultés des opérateurs économiques, d'autant que l'Algérie est en crise et qu'elle a besoins d'investissements privés pour créer des emplois et assurer des revenus décents aux jeunes demandeurs d'emploi. "Les choses doivent changer de bout en bout dans le sens de l'efficacité. Le gouvernement Tebboune doit régler les problèmes posés depuis plusieurs années en tripartite. Les problèmes liés au foncier, les entraves bureaucratiques, l'accès au financement bancaire ne sont pas toujours réglés. Sur ces questions, nous avons formulé des recommandations. Elles n'ont pas été prises en charge. Nous avons convenu ensemble à l'issue de la dernière tripartite de constituer une commission de suivi des décisions de cette rencontre. Cette commission n'a pas encore été installée. Par exemple, le pacte économique et social, un dossier de la tripartite dans lequel la CAP s'est pleinement engagée, beaucoup de points de cet accord ne se sont pas traduits sur le terrain. Nous sommes dans une situation d'urgence. On n'a pas droit à l'immobilisme. Sinon, on va droit dans le mur. On dit que le gouvernement Tebboune est un gouvernement économique. C'est bien. Mais on veut que ce soit précisé l'agencement de ses actions pour améliorer le climat des affaires, renflouer les caisses de l'Etat. Le nouveau modèle économique de croissance n'apporte pas ces précisions. Il faut avoir de l'ambition, fixer des objectifs et prévoir des mécanismes d'évaluation des actions de l'Exécutif. Il faut également mettre l'accent sur l'innovation. Cette situation de crise offre paradoxalement des opportunités pour le pays de mettre sur les rails son économie, d'accélérer son développement. Il convient de rétablir la confiance, de réhabiliter les valeurs du travail et de l'effort. Il faut relever ce défi, surmonter la crise. Les opérateurs économiques sont à la hauteur de ce défi", a souligné M'Rakach. Le patron de la Cap suggère, en outre, l'installation d'une commission auprès du Premier ministre composée de représentants des opérateurs pour améliorer le climat des affaires. Ces derniers doivent être associés aux décisions qui la concernent. M'Rakach conclut que si les problèmes précités sont pris en charge, on peut s'attendre à des horizons meilleurs. Brahim Tourki, délégué du FCE à Aïn Temouchent, promoteur dans le secteur du tourisme, lui, pense que le gouvernement Tebboune part avec un préjugé favorable. "Abdelmadjid Tebboune est intelligent. Il connaît mieux la réalité du terrain. Tebboune ne fait pas de populisme. Le secteur du tourisme est le pétrole de l'Algérie. Actuellement, 5 millions d'Algériens partent à l'étranger pour leurs vacances. Actuellement, dans mon village touristique, j'ai accueilli 15 000 Algériens. Si chaque Algérien dépense un minimum de 200 euros en partant à l'extérieur, c'est 1 milliard de dollars qui sont transférés à l'étranger. Ce milliard de dollars peut être dépensé en Algérie, notamment par les émigrés si on développe le tourisme. Ce secteur avec l'agriculture devra être la priorité du gouvernement d'Abdelmajid Tebboune." K. Remouche