A quelques jours de l'entrevue tripartite, prévue à la fin du mois en cours, la Confédération algérienne du patronat (CAP), qui vient d'organiser son assemblée générale, a établi un constat peu reluisant sur la situation actuelle du champ économique. La CAP relève la persistance des barrières administratives « dressées par des personnels au comportement bureaucratique, des procédures fastidieuses et opaques dominent les rapports entre l'entreprise et l'administration ». La Confédération algérienne du patronat, conduite par Boualem M'Rakach, réélu à la tête de ce syndicat patronal, considère que « la restauration de l'autorité de l'Etat sur l'appareil administratif doit se faire fermement et rapidement ». Pour les besoins de la réhabilitation de l'appareil productif national, les patrons de la CAP estiment que la commande publique doit s'adresser prioritairement à la production nationale « afin d'avoir l'impact attendu en matière de création d'emplois et de richesses ». Par la même, l'organisation de M. M'Rakach réclame de limiter le concours des étrangers. Cependant, la CAP estime, dans des documents interprétant les débats de son AG, que les procédures de règlement de la commande publique « demeurent compliquées, génératrices de créances détenues par les entreprises sur l'Etat et ses démembrements qui sont à l'origine de la faillite de nombreuses entreprises et de contentieux fiscaux et sociaux ». La CAP vient de sonner ainsi, à nouveau, le tocsin au sujet des créances détenues par les entreprises sur l'Etat. Le débat refait ainsi surface et les pertes générées par ces dettes sont énormes pour l'appareil privé. C'est ainsi que les adhérents de la CAP demandent au gouvernement de réviser les conditions d'attribution et de paiement des marchés publics. D'autres casse-tête chinois reviennent d'une manière récurrente à l'instar du problème du foncier industriel. Un régime des changes qui favorise les importateurs Sur le plan financier et bancaire, il est indiqué que les règlements de la Banque d'Algérie, notamment le régime des changes, favorisent les transactions commerciales d'importation au détriment de la production nationale et des exportations hors hydrocarbures. Il est ainsi exigé de « remettre en vigueur la possibilité d'achat de devises à terme gelé ». Cette formule, de l'avis des opérateurs économiques, est de nature à leur « éviter de recourir au crédit et subir des pertes qui résultent des variations du taux de parité du dinar ». Concomitamment, les patrons suggèrent d'instaurer une assurance prémunissant contre le risque de change « qui contribuerait à réduire le risque encouru dans les transactions extérieures ». Et de relever : « La Banque d'Algérie persiste à ignorer les bureaux de change qui activent au grand jour, brassant des montants qui tendent à égaler les opérations du marché officiel. » La CAP a mis le doigt sur la difficulté. Cette organisation a tenu à relever aussi le caractère « aléatoire » du financement de l'investissement par les banques. Ce syndicat des patrons a qualifié aussi de « paradoxale » la situation qui confronte les surliquidités au niveau des banque et l'absence de financement. La CAP estime dans la foulée que les conditions d'éligibilité au crédit édictées par la Banque d'Algérie et internes à l'établissement bancaire « sont drastiques au regard du montant des apports et garanties exigés aux emprunteurs ». Sur le plan fiscal, les patrons de la CAP considèrent, en bref, qu'une vision administrative a prévalu dans l'élaboration des budgets et sur la fiscalité. Entre autres suggestions émises, il est indiqué que « la refonte de la fiscalité des collectivités et la prise en compte des travaux confiés à la commission idoine font partie des attentes de l'entreprises ».