Le baril du Brent de la mer du Nord était coté à 50 dollars. Les prix du pétrole continuaient de reculer hier en cours d'échanges européens. Dans la matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'était le dernier jour de cotation, valait 50,82 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,02 dollar par rapport à la clôture de mardi. Les cours ont reculé en raison de la déception des investisseurs qui espéraient que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires prennent la semaine dernière des mesures plus fortes pour réduire l'offre, estiment les experts. Au final, l'Opep et d'autres pays, dont la Russie, ont décidé de maintenir leurs quotas de production de pétrole jusqu'en mars 2018 dans le but de réduire les stocks mondiaux et de soutenir les prix. "La baisse des prix montre probablement que de nombreux investisseurs pensent que des réductions de production plus marquées sont nécessaires", a déclaré dans une note Geoffrey Craig, de S&P Global Platts Oil Futures. Même si l'hypothèse d'une prolongation de neuf mois tenait la corde, alimentée par des déclarations russe et saoudienne, les spéculations sont allées bon train au cours des dernières semaines sur les suites que l'Opep allait donner à son accord. "Nous avons envisagé différents scénarios de six à neuf et 12 mois et nous avons même envisagé l'option de réductions plus importantes", a d'ailleurs reconnu jeudi le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh. "Ce que le marché nous dit maintenant, c'est qu'il attendait une réduction soit plus longue soit plus marquée de la production", a commenté Gene Mc Gillian de Tradition Energy. Le premier pacte valable jusqu'au 30 juin n'a pas véritablement rempli son objectif de soutenir durablement les prix du brut et d'éliminer l'excédent d'offre, les stocks mondiaux restant bien au-delà de leur moyenne des cinq dernières années, objectif affiché de l'Opep. Les analystes doutent, par ailleurs, que la mesure suffira à faire franchement revenir les réserves mondiales à leur moyenne des cinq dernières années. Par ailleurs, les quotas se sont, jusque-là, heurtés à une nette progression de la production américaine de pétrole de schiste, dont les coûts d'exploitation ont baissé ces dernières années, et qui a été sensible à un retour du prix du baril autour des 50 dollars, car il est facile de remettre rapidement en activité les champs pétroliers dans ce secteur. "La négativité du marché n'est pas tant due à l'Opep qu'à la crainte que les producteurs de schiste américains relancent leur production", a ajouté Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. Les compagnies américaines, qui ont des cycles de production courts, peuvent profiter des hausses de prix créées par les efforts de l'Opep pour gagner des parts de marché. Pour les experts de Commerzbank, "la question est donc de savoir combien de temps l'Opep sera-t-elle capable de maintenir son haut niveau de discipline avec la réduction de la production ?" À court terme, les cours pourraient être un peu tirés vers le haut par l'annonce hebdomadaire des réserves américaines. Ils ne seront publiés que jeudi (aujourd'hui, ndlr), en raison d'un jour férié, lundi, aux Etats-Unis. Platts table sur une réduction de 3,2 millions de barils. Or toute baisse des stocks américains est interprétée comme le signe d'une demande plus forte au sein de la première économie mondiale. Saïd Smati