Depuis jeudi dernier à la galerie Sirius (Télemly) et jusqu'à la fin du mois d'août, l'artiste algéro-ukrainienne Valentina Ghanem Pavlovskaya présente son exposition "De toits à moi", composée d'une vingtaine d'œuvres réalisées entre 2013 et 2017, et qui se veut un hommage à son père Valentin Vasilivitch Pavlovsky, disparu en 2012. Plus qu'une suite de lignes et un assortiment de couleurs, ces œuvres sont avant tout "un dialogue avec mon père", nous dira l'artiste lors du vernissage : "Toute la collection a été faite après son décès. Il était un guide spirituel pour moi, quelqu'un qui m'a appris beaucoup de choses dans la vie et grâce auquel je sais qui je suis, c'est une sorte de dialogue que j'instaure avec lui." Par ailleurs, les villes d'Odessa et Alger, composantes inhérentes au parcours de cette plasticienne issue d'une famille d'artistes, sont aussi célébrées : "Mon exposition a comme titre ‘'Toits pour moi'', car on survole la ville avec ses tourments, ses précipices, ses rues flamboyantes et colorées, elle est comme la vie", dira la peintre. Eclat urbain, Route de soie, Que la ville furibonde, ou encore Reflets d'Alger, toutes réalisées au couteau, ont pour point commun des lignes saccadées et des tons monochromes, avec des relents de cubisme, et qui portent en leur sein des figures et silhouettes que le contemplateur peut aisément ne pas remarquer au premier abord, tant elles sont tapies dans cette kyrielle de formes et de couleurs. La musique qui vient de l'intérieur (80x100), un tableau dominé par le noir et des nuances de gris, suscite curiosité et tristesse, avec le piano à queue manié par un musicien au visage effacé mais baigné d'une lumière émanant de l'instrument. La musique se retrouve très présente dans cette exposition, une manière pour la peintre de faire face à ce deuil subit. "C'est presque une musique de funérailles", expliquera-t-elle à propos de cette œuvre : "Elle représente le départ, mais qui peut aussi être une vie nouvelle, parce que la lumière émane de l'intérieur." Ces peintures à l'huile sur toile tranchent dans la forme avec le travail habituel de Pavlovskaya, nous dira en outre le commissaire de l'exposition, Saïdi Chikhi : "C'est une première pour elle qui a l'habitude de travailler le classique, avec beaucoup de maîtrise, mais là elle s'achemine vers l'art conceptuel, avec une élaboration harmonieuse et structurée des formes, des couleurs et une touche de cubisme." Une nouvelle liberté artistique et créatrice en somme pour Valentina, qui exprime ses chagrins, ses craintes et ses espoirs, avec pudeur, grâce et générosité. À noter que l'affiche et le catalogue de l'exposition ont été financés par l'entreprise Oxxo qui réitère ici son soutien aux événements culturels, après celle d'Azwaw Mammeri l'an dernier. Yasmine Azzouz