L'appel au dialogue de Rabat intervient sept mois après le début d'une contestation, dont l'écho a dépassé les frontières, alors que le roi Mohammed VI demeure toujours silencieux. "Les autorités marocaines ont mené une vague d'arrestations contre des dizaines de manifestants, militants et blogueurs, dans le Rif, au nord du Maroc au cours de la dernière semaine, après des mois de manifestations visant à mettre fin à la marginalisation et pour un meilleur accès aux services dans la région", a affirmé Amnesty International dans un communiqué rendu public vendredi soir. Dénonçant les "arrestations massives" des manifestants au Rif du Maroc, l'ONG de défense des droits de l'homme, qui cite les avocats des détenus, souligne que certains manifestants détenus se sont vu refuser l'accès à leurs avocats pendant leur garde à vue, et d'autres "portent des marques visibles de blessures". Selon Amnesty International, "beaucoup ont déclaré à leurs avocats avoir été insultés ou menacés de viol par les agents qui les ont arrêtés. D'autres ont déclaré qu'ils ont été forcés de signer des rapports d'interrogatoire falsifiés". Dans le même ordre d'idées, le comité de défense des détenus du Hirak d'Al-Hoceima compte désormais quelque 600 avocats, d'après l'édition du 2 juin du quotidien arabophone marocain al-Massae. La même source ajoute que d'autres juristes internationaux s'apprêtent à rejoindre le comité dans les prochains jours. "Nous avons pu rendre visite à 26 détenus. Ils se portent bien dans l'ensemble malgré les conditions anarchiques dans lesquelles s'est déroulée leur arrestation", a déclaré à la presse marocaine maître Mohamed Balouki, avocat membre du comité de défense. Il a précisé qu'ils n'ont pas pu encore rencontrer Nasser Zefzafi, le leader de la contestation au Rif ainsi qu'un autre de ses compagnons, ces derniers étant toujours privés de visite, conformément à la procédure pour les besoins de l'enquête judiciaire. Huitième nuit de manifestations à Al-Hoceima Pour la huitième nuit consécutive, des manifestants se sont rassemblés vers 22h locales après la rupture du jeûne du Ramadhan dans le quartier de Sid Abed de la ville d'Al-Hoceima, aux cris de "Nous sommes tous Zefzafi". Les forces de l'ordre avaient pris position à proximité, dans et autour du quartier et empêchaient les badauds de converger vers le lieu de la manifestation, qui s'est dispersée sans violence peu avant minuit. La tension est tombée d'un cran après les heurts enregistrés vendredi après-midi entre manifestants et policiers marocains dans la localité d'Imzouren de la province d'Al-Hoceïma. Dans le but d'apaiser la tension davantage, le gouvernement marocain a lancé un appel au dialogue avec les activistes du Hirak. "Nous n'avons pas fermé la porte du dialogue", a-t-il déclaré le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Khalfi. Il a souligné que le chef du gouvernement "s'est directement adressé au cours de ce conseil de gouvernement, à ses ministres pour les appeler à travailler sur le terrain, à suivre l'évolution des chantiers sur les lieux". Donnant des chiffres sur les événements d'Al-Hoceima, le ministre a affirmé qu'au cours de cette période d'agitation, plus de 700 sit-in ont été observés dans cette province, dont 150 à Al-Hoceïma, soit une moyenne de 4 sit-in par jour, au moment où 30 manifestations ont lieu chaque jour au niveau national (statistiques 2016). Il a réaffirmé que les revendications des protestataires sont légitimes et que le droit de manifester est garanti conformément à la loi et aux responsabilités liées au respect de la loi. Faisant référence à un rapport présenté par le ministre de la Justice, le porte-parole du gouvernement a assuré que toutes les doléances des familles des détenus concernant la visite des détenus et que toutes les requêtes de la défense seront prises en considération. Merzak Tigrine