La décision du président américain Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat a fortement affaibli les cours de l'or noir. Jeudi, les cours avaient ponctuellement augmenté après l'annonce, par le département de l'Energie, d'une baisse marquée des réserves américaines de 6,4 millions de barils, la plus forte depuis décembre. Mais la remontée des prix a été de courte durée puisque vendredi, le baril de brent pour livraison en août valait 49,21 dollars dans la matinée à Londres, en baisse de 1,42 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Après les annonces du président américain, jeudi soir, les investisseurs ont fait le raisonnement simple selon lequel la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis allait sans doute fortement augmenter à l'avenir grâce à une politique favorable de la part de l'Etat fédéral. Or, ce nouvel afflux de pétrole retardera encore le moment où le marché pétrolier mondial retrouvera un équilibre, ce qui risque de déprimer durablement les cours. "En mettant les problématiques environnementales en veilleuse, les Etats-Unis soutiennent leur industrie des énergies fossiles, ce qui pourrait doper les extractions déjà florissantes de pétrole de schiste", ont expliqué des analystes cités par les agences de presse. "On s'attend à ce que les Etats-Unis augmentent leur production encore plus rapidement", ont avancé, de leur côté, les experts de Commerzbank dans une note. Depuis la prolongation de l'accord de l'Opep le 25 mai dernier, les cours du pétrole ont plutôt suivi une tendance à la baisse en raison, justement, des interrogations des intervenants de marché au sujet de son impact sur les prix et sur les stocks. S'exprimant vendredi au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, Igor Setchine, P-DG de l'entreprise pétrolière russe Rosneft, a estimé que l'accord de réduction de pétrole conclu entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et des pays producteurs non-membres de l'Organisation emmenés par la Russie pourrait n'avoir aucun effet au vu de la hausse à venir de la production en provenance des Etats-Unis. Igor Setchine a estimé que cet accord n'offrait de toute manière qu'un répit temporaire. "Il ne s'agit guère de mesures systémiques", a-t-il indiqué. Pour le P-DG de Rosneft, les entreprises américaines pourraient faire augmenter la production mondiale de brut jusqu'à 1,5 million de barils par jour l'année prochaine. Les extractions américaines ont atteint 9,342 millions de barils par jour (mbj) fin mai, selon les chiffres du département américain de l'Energie (DoE), ce qui représente une hausse de 6,5% depuis le début de l'année et anéantit une partie de la réduction de la production de l'Opep et de ses alliés censée faire remonter les cours. Autre signe de la bonne santé de la production américaine, le nombre de puits de forage en activité a encore augmenté, selon le décompte hebdomadaire de la société privée Baker Hughes publié vendredi. Selon le décompte, les compagnies américaines ont augmenté cette semaine leur nombre de puits de forage pour une 20e semaine consécutive. Il y a désormais 733 puits aux Etats-Unis, un plus haut depuis avril 2015 et plus de deux fois plus qu'il y a un an. Saïd Smati