L'Association nationale des commerçants et artisans algériens (Anca) estime que le marché national n'a jamais enregistré une stabilité des prix que celle du mois de Ramadhan en cours. Le produit référence pour caractériser une flambée des tarifs durant le mois sacré n'est autre que le poulet. L'année dernière, il se vendait à 350 DA/kg. Ces derniers jours, il est affiché entre 270 et 290 DA. La même baisse de la tarification est également signalée pour plusieurs produits de large consommation. Le président de l'Anca, Hadj Tahar Boulenouar, parle d'une baisse moyenne de 20 à 25 DA/kg. La clémence de la mercuriale pendant la première décade du mois de jeûne est liée principalement à l'offre suffisante sur les espaces commerciaux, rendue possible grâce à une bonne récolte à laquelle ont eu droit les producteurs. Non seulement les agriculteurs n'ont pas subi beaucoup de pertes (avaries) de leurs moissons, mais ils étaient aussi avantagés par des conditions climatiques des plus favorables, notamment les précipitations qui se sont abattues durant les mois de janvier et février derniers sur plusieurs régions du pays. Sur les étals des différents marchés à travers tout le territoire national, les fruits et légumes et les viandes blanches et rouges sont plus ou moins abordables pour les familles aux bourses moyennes. La ménagère a quand même de quoi remplir son panier resté vide des années durant... L'apport de l'importation surtout des viandes rouges a contribué à cette stabilité des prix. M. Boulenouar avoue, toutefois, que l'introduction de produits étrangers sur le marché national ne constitue pas une solution idoine. Car, argue-t-il, cela décourage les producteurs locaux. Sur la base de ce constat, l'Anca va, selon lui, proposer, dès la fin du mois de Ramadhan, aux autorités d'interdire carrément l'importation de fruits et légumes et des viandes, afin de protéger la production nationale. Celle-ci sera doublée, promettent les producteurs, si les pouvoirs publics décident de suspendre les importations. Pour peu qu'il y ait, nuancent-ils, acheteurs, afin de pouvoir écouler leurs marchandises. Les fellahs appréhendent en fait une surproduction pour un quelconque légume ou fruit qui engendrerait une mévente synonyme de perte sèche. Ce qui les contraint à n'exploiter qu'une partie, au lieu de la totalité, de la superficie des terres arables. Le problème aurait été réglé si l'industrie de transformation des produits agricoles avait été développée tel que cela se fait ailleurs. De par le monde, des fruits et légumes suivent des process de transformation dans des usines et deviennent, via un conditionnement approprié, des produits de conserverie très prisés dans les grandes surfaces par les consommateurs. Des unités de transformation pour la surabondance Avec l'émergence de ces unités, le producteur n'aura pas à s'inquiéter pour sa production puisque si elle n'est pas liquidée sur les marchés de gros, il va pouvoir la proposer aux transformateurs. Haricots verts, pois chiches, lentilles, oranges..., pour ne citer que ces exemples, sont autant de produits issus des champs agricoles susceptibles de prendre une autre forme après transformation pour qu'ils soient commercialisés dans les magasins. L'autre raison à l'origine de cette stabilité des prix, selon M. Boulenouar, est la coïncidence du mois sacré avec la récolte des produits agricoles de saison, prévue traditionnellement aux mois de mai et juin, et qui peut s'étaler jusqu'à fin août prochain. L'on ne doit pas négliger, en outre, l'apport considérable des wilayas du Sud dans l'approvisionnement du Nord. Sa contribution (sud) sur certains produits atteint parfois 30% de la production nationale. Avec l'arrivée prochaine sur le marché des quantités produites au nord, l'association que préside Hadj Tahar Boulenouar s'attend même à une autre légère baisse ou, du moins, au maintien du niveau actuel des prix. Par ailleurs, l'Anca lance une campagne de sensibilisation à l'endroit des commerçants, afin de les inviter à respecter les règles qui régissent les transactions commerciales et d'appliquer les marges bénéficiaires légales. L'organisation les a encouragés aussi à prendre part à des actions caritatives et de solidarité avec les populations durant ce mois de partage. B. K.