La formation de la région de Kenadsa a gratifié le public algérois d'une mémorable soirée aux rythmes d'une musique cadencée et de textes très spirituels. Un concert typiquement acoustique. C'est à travers la musique que le public de la salle Ibn Zeydoun a découvert, mardi soir, la région de la Saoura, dans le Sud-Ouest algérien. Une authentique balade musicale dans les espaces désertiques et à travers les vestiges historiques, le ksar notamment, une belle fresque architecturale qui continue à défier le vent de sable, en témoignage du temps passé. Et des beaux reliefs de Kenadsa, il reste encore cette tradition lyrique qui a de tout temps attiré les plus curieux et les amoureux des sonorités avérées et des belles paroles. Le concert du groupe El-Ferda est un voyage initiatique dans la culture ancestrale de la région. Des airs qui ont propulsé les jeunes de la capitale dans une ambiance de Hadra et de transe. À quelque 20 km de Béchar, Kenadsa est connue pour son ancienne mine de charbon, aujourd'hui abandonnée, mais aussi pour son légendaire groupe de musique traditionnelle El-Ferda, qui signifie, dans l'arabe dialectal, la moitié d'une paire de chaussures. Drôle d'appellation pour une formation musicale, il faut reconnaître ! Depuis plus de trois générations, El-Ferda perpétue la tradition et veille à la sauvegarde du patrimoine artistique et culturel de la région. Le mot El-Ferda est une référence de ce rituel où, dans le passé, les habitants de la région se servaient d'un plat à couscous comme instrument de percussion et frappé dessus avec une babouche. Les choses ont bien changé depuis et les instruments de percussion sont essentiellement le t'bel (tambour) et la derbouka, même le mehraz. Musicalement parlant, El-Ferda est le principal genre de mélodie de Kenadsa, aux côtés du Zeffani, rythmes et chants des femmes, en passant par Houbi, Hidous ou encore El-Hadra, une tradition remise au goût du jour par la formation de Hocine Zaydi, leader du groupe. Aux côtés des maîtres Bouhazma Hadj et El-Hadj Medjadi Mohammed, dit Benderrouiche, les compères de Hocine, notamment Bestam Larbi, Lahcen Gourzi, Aloui Abdelkader ont tout appris de la tradition Ferda. Le concert à la salle Ibn Zeydoun était pour eux une occasion de rendre hommage à leurs précepteurs qui se sont, dernièrement, retirés de la scène artistique après plus de quarante années au service du patrimoine kenadsi. El-Ferda c'est une musique qui se rapproche beaucoup de la musique marocaine, des textes qui rendent grâce à Dieu et son prophète et chantent les louanges du saint Sidi Bouziane. Des chants traditionnels très appréciés par les jeunes. W. L.