Le président français va se rendre dans les prochaines semaines en Algérie. Selon un communiqué du palais de l'Elysée rendu public jeudi dernier, Emmanuel Macron a annoncé cette nouvelle à son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, au cours d'une communication téléphonique. Sa visite dans notre pays interviendra, néanmoins, après celle qu'il effectuera les 14 et 15 juin prochain au Maroc. Contrairement à ses prédécesseurs (Chirac, Sarkozy et Hollande) qui avaient, à l'entame de leurs mandats respectifs, choisi l'Algérie comme point de départ de leurs pérégrinations diplomatiques au Maghreb et en Afrique, le nouveau chef de l'Etat a décidé de rompre avec cette tradition. Dans le jeu des rivalités algéro-marocaines, ce choix pourrait laisser entendre que le royaume alaouite a détrôné l'Algérie de sa place de partenaire privilégié avec la France. Or, c'est sans doute pour éviter que les autorités algériennes aient ce sentiment que le jeune locataire de l'Elysée a fait en sorte d'annoncer, en même temps, la date de sa visite au Maroc et son intention de se rendre très vite après en Algérie. Dans son communiqué, la présidence française a, par ailleurs, indiqué que Macron a assuré Bouteflika de "son attachement et sa volonté de construire un rapport d'amitié et de confiance avec l'Algérie, partenaire stratégique pour la France". Le président français avait déroulé à peu près le même discours lors de son déplacement à Alger en tant que candidat, pendant la campagne électorale en février dernier. Il avait évoqué à cette occasion "un nouvel âge algéro-français" et de multiples projets de partenariats enthousiasmants dans les domaines économique, de l'éducation, de la culture... Macron avait aussi parlé d'histoire dont "les pages ont été tournées trop vite", selon lui. Il avait notamment qualifié la colonisation de crime contre l'humanité. Ce qui lui avait valu des critiques en France et un élan de sympathie en Algérie. Bouteflika a, d'ailleurs, réagi très vite à son élection, saluant la victoire d'"un homme d'Etat capable de conduire la France vers un avenir qualitativement meilleur". Un soutien tout aussi franc est venu du Maroc où le roi a vanté les "hautes qualités humaines et intellectuelles" du président élu. Il s'est dit, en outre, persuadé que le partenariat entre le Maroc et la France sous la présidence d'Emmanuel Macron "gagnera en profondeur et en intensité". Durant le mandat de François Hollande, les rapports entre les eux pays étaient plutôt froids. Le Maroc avait décidé en 2014 de rompre la coopération judicaire avec la France à la suite de l'instruction par la justice française d'affaires de torture impliquant le directeur marocain du contre-espionnage. Celui-ci avait été par la suite décoré par l'ex-ministre de l'Intérieur et Premier ministre, Bernard Caseneuve. Mais cela n'a pas suffi a dissiper entièrement la brouille entre les deux pays. Pendant cette période, Rabat ne supportait pas non plus de voir les liens entre Alger et Paris se resserrer. François Hollande avait pour rappel réservé sa première visite officielle hors Europe à l'Algérie à la fin 2012. La consolidation de la coopération entre les deux pays avait été marquée à l'époque par la mise en place d'un comité intergouvernemental de haut niveau. De Paris : Samia Lokmane-Khelil