Les communautés musulmanes sont de plus en plus la cible de crimes haineux au Canada. Selon un rapport rendu public mardi par Statistique Canada, 35% des crimes haineux enregistrés en 2015 concernent des motifs religieux. Ainsi, 469 affaires ont été répertoriées, soit 40 de plus que le bilan de 2014, soutient l'agence fédérale. Sur l'ensemble de ces affaires compilées, 159 ont touché des musulmans, alors que l'organisme canadien avait noté seulement 99 affaires similaires en 2014. C'est un bon de 61%, un chiffre jamais atteint auparavant, a-t-on observé. Pourtant, la fusillade de la mosquée de Québec en janvier 2017 n'a pas été comptabilisée dans ce bilan qui réfère uniquement à l'année 2015. "C'était une année difficile pour la communauté musulmane, qui a souffert de la rhétorique politique durant l'élection fédérale, qui dépeignait les musulmans comme des terroristes, des sympathisants de terroristes ou comme étant contre les femmes", a déclaré, dans une conférence de presse Khalid Elgazzar, vice-président du Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), cité par l'agence Presse Canadienne. Selon son bilan de 2015, Statistique Canada a déclaré un total de 1 362 affaires relatives à des crimes motivés par la haine de groupes racisés, en augmentation de 67 par rapport à l'année d'avant. 43% de ces crimes ont été enregistrés dans les trois plus grandes villes canadiennes : Toronto, Montréal et Vancouver. Dans la métropole québécoise où sont concentrés les Algériens, 39 affaires ou incidents contre les musulmans ont été enregistrés en 2015, soit presque le double qu'en 2014. "Le nombre de crimes haineux figurant dans la présente diffusion constitue probablement une sous-estimation du véritable nombre de crimes motivés par la haine au Canada, puisque ce ne sont pas tous les crimes qui sont signalés à la police", avertit Statistique Canada dans un communiqué. Les communautés ciblées (Noirs, musulmans, juifs, autochtones) ont interpellé d'une même voix les autorités publiques dans leurs trois compartiments, fédéral, provincial et municipal, pour remédier à cette situation qu'endurent les communautés ethniques ou religieuses minoritaires. Outre cette situation de stigmatisation, les immigrants, notamment nord-africains (maghrébins) sont touchés de plein fouet par le chômage. Bien qu'ils soient bardés de diplômes, ils rencontrent des embuches à l'embauche. Y. A.