Le gouvernement est invité à éviter le recours à l'endettement extérieur mais aussi à contenir davantage encore le volume des importations de biens et services à l'effet de préserver les réserves de change du pays. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a présidé, hier, un Conseil des ministres, le premier après celui présidé à la fin décembre 2016, consacré exclusivement à l'examen et à l'adoption du plan d'action du gouvernement que le Premier ministre devrait soumettre prochainement à l'adoption du Parlement. Le chef de l'Etat, qui intervenait à l'issue de la validation de la copie de Tebboune, a recommandé au Premier ministre, et donc à l'Exécutif, de maintenir le cap en matière de politique budgétaire. Il a, à ce sujet, préconisé la reconduite de la rationalisation budgétaire, laquelle a été définie par le gouvernement sortant. Le président Bouteflika justifie sa recommandation par la crise des prix du pétrole qui, installée dans la durée, impose, estime-t-il, "des défis majeurs exigeants notamment la dynamisation des réformes à mettre en place". Cette austérité budgétaire, car il s'agit bien de cela, a pour objectif de redresser les finances publiques d'ici 2019, a dû préciser Bouteflika, pour ne pas avoir à trop impacter les programmes publics d'investissement. L'équation sera difficile à équilibrer, d'autant que l'état de nos finances n'est pas parti pour s'améliorer dans un proche avenir, étant donné le rythme lent, reconnu par l'Opep elle-même dans son dernier rapport mensuel, qu'observera le retour à l'équilibre du marché pétrolier et donc la remontée souhaitée du prix du baril. Une problématique difficile à gérer, puisqu'en même temps il faut, insiste encore Bouteflika, une plus grande rationalisation de la politique sociale, y compris par un meilleur ciblage des subventions publiques et une concertation continue avec les partenaires économiques et sociaux. Le chef de l'Etat a par ailleurs insisté sur la promotion des financements internes non conventionnels qui pourraient être mobilisés pendant quelques années de transition financière. Une transition également dure à négocier, surtout si elle doit en même temps satisfaire à la nécessité, soulignée par Bouteflika, de préserver la souveraineté économique du pays. Le président de la République a invité le gouvernement à éviter le recours à l'endettement extérieur mais aussi et surtout "contenir davantage encore le volume des importations de biens et services à l'effet de préserver les réserves de change du pays". Ce qui signifie que le régime de contingentement des importations va encore se durcir. Le gouvernement étant instruit d'agir dans ce sens, il se pose alors la question de savoir si Tebboune saura mieux gérer l'épineux dossier des licences d'importation que son prédécesseur qui a, lui, laissé s'accumuler les retards, au point de provoquer des pénuries de certains produits. Cela étant, le président Bouteflika a semblé faire le reproche au gouvernement Sellal d'avoir été lent à la détente, voire carrément nonchalant dans l'exécution des décisions prises en Conseils des ministres. Sa recommandation à Tebboune de la poursuite de la mise en place du nouveau modèle de croissance économique adoptée l'année dernière (depuis au moins 6 mois) par le Conseil des ministres signifie que le gouvernement Sellal n'a pas achevé l'entreprise. Bouteflika a précisé d'ailleurs les volets qui restent à parachever. Il s'agit de l'amélioration de l'environnement de l'investissement, la modernisation du système fiscal, des banques publiques et du marché financier. Par ailleurs, le président Bouteflika a, en matière d'énergie, donné le feu vert au gouvernement d'exploiter les très controversés gaz et pétrole de schiste dont l'exploration avait déjà soulevé un tollé. Le chef de l'Etat a en effet invité le gouvernement "à valoriser davantage toutes les ressources et richesses dont dispose le pays, y compris les hydrocarbures fossiles et non conventionnels ainsi que les énergies renouvelables". Sofiane Ait Iflis