Retrait de Donald Trump de l'Accord de Paris : L'UE à la rescousse des émissions Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré devant les Eurodéputés au sein de l'hémicycle à Strasbourg que "le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris est plus qu'un triste événement... C'est le signe de l'abdication envers l'action commune destinée à s'impliquer pour le destin de notre planète". Selon l'ONG Transport & Environnement, il ressort des travaux de cette session des propositions pour que l'Europe réduise plus encore ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Les mesures soutenues par les eurodéputés permettraient de réduire de 529 millions de tonnes les émissions de CO2, contre 452 millions de tonnes dans la proposition antérieure de la Commission. Auparavant, l'UE travaillait sur "l'adoption d'un arsenal législatif lui permettant de mettre en œuvre l'accord de Paris pour le climat, dans lequel elle s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% d'ici à 2030, par rapport au niveau de 2005". La prochaine étape est la négociation entre le Parlement européen (sur la base de cette position) avec chacun des Etats membres de l'UE pour la répartition des efforts qu'ils devront faire pour réduire les émissions de GES à ce niveau. Lors de cette session, le Parlement de Bruxelles a accueilli la présidente des îles Marshall, Hilda Heine, dont le pays est directement menacé par la montée des eaux. Rappelant que les îles Marshall, au sud de l'océan Pacifique, sont situées à moins de deux mètres au-dessus du niveau de la mer. C'est donc un lieu à haut risque face aux conséquences du changement climatique. L'inéluctable montée des eaux (30 cm durant les 30 dernières années) est une condamnation à disparaître. Jean-Claude Juncker a notamment réaffirmé que l'UE "ne renégociera pas l'Accord de Paris", ajoutant que "la décision des Etats-Unis de revenir sur sa promesse envers le fonds pour le climat laisse un vide conséquent. De notre côté, nous maintenons nos engagements". Comprendre aussi que si l'UE envisage de faire un effort sur la réduction des émissions, elle ne semble pas encore prête à "compenser" le manque à gagner pour le Fonds vert climat en conséquence du retrait US. "Nous devons travailler ensemble pour convaincre Donald Trump de l'importance de l'action pour le climat", a, pour sa part, déclaré Mme Heine. Tout en exhortant l'UE à se doter d'un objectif de réduction des émissions de GES à long terme, d'ici 2050, et se montrer "ouverte" à relever, dès 2018, ses engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris, elle a ajouté : "Je suis venue aujourd'hui (...) pour vous demander votre aide." R. S. Responsabilité sociétale des entreprises : Lafarge accusé de financement du terrorisme Nous avons traité des soupçons de financement de groupes terroristes en Syrie par le cimentier Lafarge pour assurer la poursuite de la production de ciment (LafargeHolcim pointé du doigt, Liberté du 13 avril 2017). Le groupe qui a pourtant investi pendant longtemps dans la construction d'une image d'une entreprise citoyenne, conformément au concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), se retrouve devant la justice. En effet, une instruction judiciaire vient d'être ouverte contre le cimentier franco-suisse pour "financement d'entreprise terroriste et mise en danger d'autrui". L'enquête devra établir les liens entre LafargeHolcim et des organisations terroristes syriennes – dont l'Etat islamique – lors de sa période d'activité en Syrie (2012-2014). Au début du mois de mars 2017, le groupe mondial a admis avoir eu recours à des arrangements "inacceptables" pour maintenir en activité sa cimenterie de Jalabiya, jusqu'à sa saisie par l'Etat islamique. "L'embargo sur Daech aurait dû être une alerte pour l'entreprise. Elle aurait dû se poser la question de son maintien sur place, même s'il n'est pas toujours aisé de partir et d'abandonner ses salariés", réagit Nicolas Berland, co-directeur de la chaire éthique et gouvernement d'entreprise de l'université Paris-Dauphine. "Il est d'autant plus difficile d'expliquer ce dérapage que sa filiale syrienne représente moins de 1% de son chiffre d'affaires", rapporte le site français d'économie responsable (novethic.fr). D'autres entreprises se sont montrées plus promptes malgré des enjeux financiers plus importants. Cécile Renouard, professeure à l'Ecole des mines et à l'Essec, regrette qu'il y ait toujours eu un décalage chez le cimentier entre ses déclarations et la réalité sur le terrain. "Il y a de vraies tensions dans les objectifs de Lafarge qui veut à la fois être le numéro un mondial du ciment et à la fois contribuer à rendre le monde meilleur..." "Peut-être que l'attitude à adopter est d'oser avouer ses difficultés plutôt que de vouloir toujours afficher le bon côté. Le retour de bâton est d'autant plus violent dans l'opinion publique." L'éclatement de l'affaire a provoqué un véritable tollé médiatique, l'ouverture d'une information judiciaire, la démission de plusieurs directeurs et la perte de certains contrats (article de notre journal cité plus haut). À suivre. R. S.