Une baisse d'un dollar par baril entraîne une moins-value fiscale de 3 700 milliards de centimes. Les prix du pétrole sont sous les 50 dollars depuis plusieurs semaines. Le baril de brent de la mer du Nord était coté hier à 45 dollars, soit environ la même valeur que mercredi et jeudi, en dépit des informations faisant état mercredi d'une baisse des stocks de brut et d'essence américains. Des analystes pétroliers affirment qu'on est entré dans un cycle baissier en raison d'une surabondance de l'offre, due à une augmentation de la production de pétrole de schiste américain et d'une hausse du niveau d‘extraction de brut de la Libye et du Nigéria. Les prix du pétrole sont en baisse de 20% par rapport à fin décembre 2016. Un recours plus important aux réserves de change et aux ressources bancaires Si cette tendance baissière se poursuit au cours du second semestre 2017, elle aura des répercussions négatives sur l'économie nationale. Il faut savoir que l'Algérie a bâti son budget sur un prix du baril de 50 dollars. Des cours du brut sous les 50 dollars veulent dire que les recettes d'hydrocarbures du pays seront en deçà des prévisions. Du coup, l'année 2017 risque de connaître une baisse des recettes fiscales pétrolières et donc une baisse des recettes fiscales globales. Le document intitulé nouveau modèle économique mentionne qu'une hausse du prix de baril d'un dollar entraîne une plus-value fiscale de 37 milliards de dinars. Inversement, une chute d'un dollar a pour conséquence une moins-value à hauteur du même montant. Les ressources financières du pays étant en baisse, le gouvernement Tebboune aura de plus grandes difficultés à gérer la situation. D'autant que les importations ont connu, les cinq premiers mois de l'année, un niveau très important de 19,67 milliards de dollars, lequel rythme, s'il n'est freiné, risque de pousser ces achats à un niveau de 46 milliards de dollars. Alors que nos exportations pourraient se situer à moins de 35 milliards de dollars. Le déficit de la balance commerciale serait alors d'environ 10 milliards de dollars. Si on ajoute les importations de service autour de 10 milliards de dollars, on a déjà un trou de 20 milliards de dollars. Le gouvernement Tebboune n'aura dans ce scénario qu'à puiser de façon de plus prononcée dans les réserves de change, qui risquent de passer sous les 100 milliards de dollars. Ce qui fragiliserait la position financière extérieure de l'Algérie. Côté budget, la baisse des recettes fiscales, en contexte d'épuisement du fonds de régulation, obligerait au recours aux ressources bancaires ou aux avances de la Banque d'Algérie. Ce qui n'est pas sans conséquences négatives. La première solution entraîne un assèchement des liquidités bancaires et donc affecte la disponibilité des crédits d'investissement pour les entreprises. La seconde est inflationniste. Elle encourage la hausse des prix. Cette situation de baisse des prix du pétrole entraînera une augmentation significative de la dette interne. Le plan d'action du gouvernement prévoit des mesures pour renflouer les caisses de l'Etat : lutte contre l'évasion fiscale, la fiscalisation du commerce électronique, la révision des bases d'imposition de l'impôt sur le patrimoine, le recours à la finance islamique ... Mais ces mesures prendront du temps pour être mises en œuvre. Elles ne pourraient porter leurs fruits qu'en 2018-2019, si elles sont bien menées. En attendant, le gouvernement pourrait annoncer une loi de finances 2018 consacrant une cure d'austérité plus sévère. Cette décision aura certainement un coût social. K. Remouche