Des enseignants universitaires ont observé, jeudi dernier devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur, pour dénoncer les actes de violences auxquels ils sont confrontés depuis plusieurs mois et surtout pour réclamer de faire toute la lumière sur l'affaire de l'assassinat de l'enseignant Sarhane Karaoui, de l'université de Khemis Meliana. Un acte qualifié "d'abominable" et de "dévire grave" par les dizaines d'enseignants ayant pris part à cette action de rue. "Halte à la violence à l'université", "sécurisons et sanctuarisons l'université", "Non à l'agression des enseignants", "Halte aux crimes à l'université" sont autant de slogans scandés à cette occasion par les protestataires qui s'indignent du silence radio qu'observe le ministère de tutelle et le gouvernement en général sur cet énième acte de violence subi par le corps des enseignants. Ce crime, condamnable, faut-il le rappeler, a été commis, dimanche dernier, le 18 juin, à Tipasa, par deux frères jumeaux, âgés de 23 ans, l'un étudiant au centre universitaire de Tipasa, alors que l'autre à l'université d'El-Afroun de Blida. Selon les premiers éléments de l'enquête relayés par l'agence officielle (APS), le mobile du meurtre ne serait pas lié à une affaire de fraude à l'examen, comme cela a été évoqué le jour de l'assassinat. Peu importe le mobile, l'assassinat de Sarhane Karaoui, déplorent les protestataires, n'est que l'arbre qui dévoile la forêt des drames qui affectent l'université algérienne depuis des années. "Quel que soit le mobile de l'assassinat, on ne peut pas extraire ce drame des autres drames affectant l'université algérienne", fulmine Louisa Aït Hamadouche, enseignante en science politique à l'université Alger 3, jointe hier par téléphone. Selon elle, aujourd'hui, l'université va "très mal", en ce sens, regrette-t-elle, que les actes de violence commis à l'encontre des enseignants se succèdent dans l'impunité la plus totale. Elle rappelle que l'assassinat de Sarhane Karoui a été, en effet, précédé par une série d'actes de violence contre les enseignants à travers différents établissements universitaires, dont ceux de Ben Aknoun, M'sila, Batna et Bordj Bou-Arréridj, pour ne citer que ceux-là. Mme Hamadouche regrette, à ce titre, que les commissions de discipline n'ont pour autant jamais été actionnées à ce jour. Comme ses confrères, avec qui elle avait battu le pavé jeudi dernier, Mme Hamadouche ne réclame pas plus que l'application des lois existantes pour redonner à l'université ses lettres de noblesse. Dans leur plateforme de revendications, les enseignants protestataires affiliés au Conseil national de l'enseignement supérieur (Cnes) réclament, quant à eux, la "réforme radicale" de l'arsenal juridique inhérent à la sécurité dans les enceintes universitaires. Ils préconisent, entre autres, le "renforcement de la sécurité au niveau des enceintes", la prise de mesures "dissuasives et urgentes" pour lutter contre la violence, l'application du règlement intérieur des universités, mais aussi la comparution devant les commissions de discipline des auteurs des agressions et d'harcèlement, ainsi que la sanction de certains enseignants complices ou encore la dissolution de certaines organisations estudiantines présumées louches. Farid Abdeladim