Le roi du Maroc Mohammed VI souffle le chaud et le froid face au mouvement de protestation qui secoue le Rif depuis sept mois et qui s'est accentué depuis un mois, notamment avec l'arrestation des leaders du Hirak, à l'origine de cette contestation sociale. Après avoir joué la carte de la répression et de la désinformation pour éteindre ce brasier, le roi semble avoir compris que la répression ne fera pas taire les Rifains qui exigent leur part du développement et la fin de la corruption qui gangrène toutes les sphères de l'Etat. Tout en faisant celui qui ignorait que le Rif est mis en quarantaine depuis des lustres, le roi s'est enfin décidé à réunir son gouvernement à Casablanca pour "accélérer" des projets pourtant inscrits dans le cadre du programme "Manarat Al Moutawassit (2015-2019)" dédié à Al Hoceïma, selon un communiqué du cabinet royal. Ce vaste programme de projets d'infrastructures est doté d'une enveloppe de 600 millions d'euros, affirmant qu'il répondait à "90%" aux revendications des contestataires et qu'il sera "achevé dans les délais" (2019). Mais le roi tente aussi de vider la contestation de sa substance politique. En effet, selon le cabinet royal, Mohammed VI a "mis l'accent sur la nécessité d'éviter la politisation des projets sociaux et de développement réalisés ou leur exploitation à des fins étroites". Les médias marocains, proches ou dépendant directement du Palais, ont participé à une vaste campagne d'intox contre les leaders du Hirak, en les accusant de velléités séparatistes et d'être au service d'intérêts étrangers. Les détenus rifains sont d'ailleurs accusés par les autorités et incarcérés sous prétexte qu'ils menacent directement la sécurité de l'Etat et de percevoir des financements étrangers pour déstabiliser le Maroc. L. M.