La présence d'une force de maintien de la paix de l'ONU au Mali et des soldats français de l'opération Barkhane dans les 5 pays membres du G5 Sahel n'a pas empêché les groupes terroristes islamistes de semer la terreur dans ce vaste espace où le développement socioéconomique constitue une partie de la lutte contre l'extrémisme violent. Après avoir arraché un précieux soutien au Conseil de l'ONU, même au prix de quelques concessions, pour appuyer la création d'une force multinationale par les Etats membres du G5 Sahel, la France doit désormais trouver des soutiens financiers, à la veille d'un nouveau sommet de cette organisation régionale, prévu à Bamako, et auquel participera le président français fraîchement élu Emmanuel Macron. En dehors de l'aide promise par l'Union européenne, à hauteur de 50 millions d'euros, les membres du G5 Sahel n'ont pas expliqué comment ils financeront une telle force qui a besoin d'au moins 400 millions d'euros par an (500 millions de dollars). Les Etats-Unis avaient rejeté le premier texte du projet de résolution français, au Conseil de sécurité, en raison de cette question de financement. Washington estime que les Etats-Unis fournissent déjà une aide financière conséquente aux pays du Sahel et qu'il n'est pas question d'en faire davantage. Alors que ce problème du financement de la force du G5 Sahel se pose sérieusement, les membres de cette organisation devront aussi faire face au risque d'un retrait du Tchad, un des pays qui a fourni le plus de soldats à la force de maintien de la paix de l'ONU au Mali (Minusma) et le pays qui a perdu le nombre le plus élevé de soldats dans les attentats terroristes depuis 2013. N'Djamena sera dans l'obligation de se retirer des opérations militaires en Afrique, si rien n'est fait pour aider financièrement le pays qui traverse une sévère crise économique et sociale, a assuré, dimanche, le président tchadien Idriss Déby Itno, dans un entretien qu'il a accordé à RFI, TV5 Monde et au quotidien Le Monde. "Nous n'avons pas du tout été soutenus sur le plan financier, économique. Si rien n'est fait, si ça continue, le Tchad sera dans l'obligation de se retirer des opérations extérieures sur le continent", a-t-il menacé. "Nous ne pouvons pas continuer à être partout, au Niger, au Cameroun, au Mali. Tout cela coûte excessivement cher", a-t-il expliqué, soulignant qu'"on ne peut pas faire les deux à la fois, être dans le G5 Sahel et en même temps dans une autre mission sur le même théâtre". Pour rappel, le Tchad forme le troisième contingent le plus important de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), avec 1390 hommes. Par ailleurs, 2000 soldats tchadiens sont engagés dans la Force multinationale mixte, créée en 2015 conjointement par le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun, pour combattre le groupe terroriste islamiste nigérian Boko Haram. Lyès Menacer