Sous les effets de la crise financière que vit le pays depuis la mi-juin 2014, l'Exécutif actuel se voit contraint et forcé de revoir toute la politique sociale dont font partie les transferts sociaux. Le cabinet Tebboune semble vouloir s'attaquer sérieusement au problème, établissant même un calendrier pour commencer à le faire. Il a chargé le Conseil national économique et social (Cnes), les ministères du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale de préparer une large consultation nationale sur le redressement de l'effort social de l'Etat. Une Commission consultative nationale devrait être installée avant la fin juillet ou juste après. Et elle devrait commencer à y travailler et à formuler des propositions. La commission va définir les grandes orientations et les principaux contours des réformes devant être introduites au système des transferts sociaux de manière à réaliser une plus grande justice sociale et préserver les acquis sociaux et la durabilité du modèle social algérien, ainsi que l'a expliqué le Premier ministre lors de la présentation de son plan d'action devant le Sénat. Jusqu'ici, les transferts sociaux appuient la politique sociale de l'Etat, notamment par le soutien aux familles, à travers la subvention des produits de base, l'éducation et l'accès à l'eau et à l'énergie, la santé, le logement, les retraites et enfin à l'accompagnement des faibles revenus, des démunis et des handicapés. Ils constituent une part essentielle des subventions. Celles-ci se sont établies à 27,7 milliards de dollars en 2016, soit environ 18% du PIB, c'est énorme. L'Etat consacre surtout 15,3 milliards de dollars annuellement en soutien aux prix des produits énergétiques (carburants, gaz et électricité). Il a également injecté en 2016 l'équivalent de 4,5 milliards de dollars en soutien aux prix des produits de base, 3,2% en soutien aux services de santé et 4,7 milliards de dollars en soutien aux différentes formules d'accès au logement. Cette politique de subventions généralisées semble s'essouffler aujourd'hui. Elle a été souvent critiquée par le FMI et la Banque mondiale. Deux institutions qui ont conseillé aux gouvernements respectifs d'y mettre de la cohérence, d'autant plus que la politique des subventions profite beaucoup plus aux riches qu'aux couches défavorisées parmi les populations. Les autorités en ont prix note. Mais de tous les gouvernements, l'Exécutif Tebboune entend passer au concret, à une plus grande rationalisation de l'aide sociale de l'Etat. Youcef Salami