Le nouveau directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI), Jihad Azour, se rendra en Algérie du 11 au 12 juillet 2017. "Une occasion d'échanger des points de vue sur les politiques économiques pour s'adapter à la baisse des prix du pétrole", annonce le FMI. L'institution de Bretton Woods indique "qu'elle s'engage à soutenir le programme de réformes des autorités par le biais de conseils en politique économique et d'assistance technique". Le rapport des services du FMI pour les consultations de 2017 au titre de l'article IV relève que le niveau d'assainissement budgétaire prévu par le cadre budgétaire à moyen terme (CMBT) est très ambitieux et risque de peser sur la croissance. "Il s'agit d'un rééquilibrage abrupt (et peut être difficile à réaliser)", estime le FMI, prévoyant que la croissance hors hydrocarbures pourrait ralentir jusqu'à près de zéro en 2018, soit un écart très net par rapport aux prévisions du gouvernement. "Un ralentissement aussi fort de la croissance risquerait d'aggraver le chômage, d'affaiblir les recettes hors hydrocarbures, d'accentuer les risques sur la stabilité financière et d'exacerber les tensions sociales", avertit le Fonds. La mission du FMI a élaboré un scénario alternatif illustrant les arbitrages en jeu et soulignant l'existence d'une certaine marge de manœuvre budgétaire. Dans le scénario alternatif, les coupes budgétaires sont moins rigoureuses et les besoins de financement sont plus importants que dans le scénario de référence, d'où un recours plus important à l'endettement. Le scénario alternatif suppose que le gouvernement répond en partie à ces besoins de financement par l'emprunt extérieur. Ce que le gouvernement a exclu. Les pouvoirs publics ont indiqué qu'ils pourraient revoir la composition des dépenses à moyen terme pour veiller à ce que l'ajustement soit le plus favorable possible à la croissance, mais qu'elles n'avaient pas l'intention de relever les plafonds généraux de dépenses prévus par le CBMT. Plutôt que de se tourner vers l'emprunt extérieur, le gouvernement a expliqué qu'un important assainissement budgétaire s'imposait pour réduire les besoins de financement et diminuer dans toute la mesure du possible les effets d'éviction. Le FMI a évoqué, dans son rapport, un certain nombre de risques budgétaires qui pourraient se concrétiser lors de l'ajustement. "Les risques budgétaires en Algérie sont multiples et interdépendants et pourraient avoir un impact considérable sur le déficit budgétaire et la dette publique", souligne l'institution de Bretton Woods, relevant que "l'Etat joue un rôle prédominant dans l'activité économique par l'intermédiaire des programmes gouvernementaux ainsi que par le biais des activités commerciales réalisées par les établissements publics et les entreprises d'Etat. L'Etat intervient fréquemment pour recapitaliser les banques publiques, racheter des dettes garanties, et apporter son appui financier aux entreprises publiques afin de combler l'écart entre les prix du marché et les prix administrés. Les autres sources de risques budgétaires comprennent la volatilité des recettes des hydrocarbures, les catastrophes naturelles, et la situation financière des dispositifs de protection sociale". Certains de ces risques se sont concrétisés par le passé. Entre 1991 et 2012, les opérations du Trésor pour venir en aide aux banques publiques ont représenté 14,8% du PIB de 2012. En 2016, les risques budgétaires qui se sont matérialisés ont eu, selon les estimations, un coût estimé à 8,9% du PIB, en raison essentiellement de deux opérations : "Le rachat par l'Etat de la dette d'une entreprise de services publics envers une banque d'Etat et l'émission de titres obligataires en faveur de la société publique d'hydrocarbures pour compenser les pertes subies en raison de la vente de produits raffinés importés à des prix subventionnés sur le marché intérieur." Meziane Rabhi