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Bac : plus de 80 000 candidats absents
Premier jour des épreuves de la session spéciale 2017
Publié dans Liberté le 15 - 07 - 2017

Les salles d'examen étaient affreusement vides, ce jeudi, pour la session spéciale du bac.
Les 299 centres d'examen, répartis à travers le territoire national à l'occasion de la session spéciale du bac 2017, n'ont pas enregistré jeudi, premier jour des épreuves, la présence de tous les candidats autorisés à composer en tant que retardataires aux épreuves de juin dernier.
Cette fois-ci, il ne s'agit plus d'un retard par rapport à l'heure du début des examens, mais d'une absence criante des candidats. Jeudi, les salles d'examen étaient affreusement vides et ce, dans la quasi-totalité des centres d'examen aménagés pour cette session spéciale. En effet, dans la majorité des salles, il n'a été dénombré que très peu de candidats, cinq à six seulement, voire parfois moins qui ont passé le bac. C'est le constat affligeant que font les syndicats de l'éducation.
Ces derniers, ainsi que d'autres observateurs avancent un taux d'absentéisme qui dépasse les 80 %. Sur les 104 000 candidats attendus, plus de 80 000 n'ont pas jugé utile de se rendre aux lieux des examens. "Nous avons prédit qu'il va y avoir plus de 80 000 absents à cette session. Nous avons prédit également que les abandons de la première session le seront aussi pour cette session spéciale", déclare M. Meziane Meriane, coordonnateur du Snapest. "L'on verra ainsi des salles d'examen, préparées à cette occasion, entièrement vides et qui ne seront pas de ce fait exploitées. Certaines salles accueilleront un ou deux candidats uniquement avec trois surveillants. Pis, certains enseignants auxquels on a gâché les vacances, ne trouveront pas de candidats à surveiller", déplore M. Meriane.
Cette situation prévalant actuellement dans cette deuxième session est due, selon lui, à la directive de la présidence de la République et du Premier ministère qui s'adresse beaucoup plus aux retardataires. "Or, le protocole mis en place par le ministère de l'Education n'a pas prévu l'inscription des noms des lycéens arrivés en retard le jour de l'examen. Ainsi, tous les absents sont comme des retardataires. On a fait appel donc à tout le monde", souligne le syndicaliste. Ce qui a donné lieu à ce chiffre de 104 000 candidats, précise-t-il. "Je suis sûr que parmi ces candidats, il y a ceux qui sont en ce moment en vacances ou ailleurs, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Algérie", relève-t-il encore. Pour le représentant du Snapest, cette session est un "gaspillage".
"Une décision politique qui n'a rien de pédagogique"
"J'espère que cette journée libre du vendredi sera exploitée par les chefs de centres d'examen pour qu'ils réorganisent ces centres en fonction des données du premier jour des épreuves. L'idée, c'est de ne pas laisser un candidat ou deux seuls dans une classe mais d'en regrouper un maximum dans une salle. L'on aura gagné de ce fait dans le nombre de salles et l'on pourra libérer des enseignants qui n'ont pas à surveiller un ou deux élèves seulement", suggère M. Meriane. Commentant cette décision de deuxième session, le syndicaliste affirme : "On aurait aimé que le politique ne s'ingère pas dans la pédagogie. Qu'on laisse le soin aux spécialistes des sciences de l'éducation gérer le ministère de tutelle." Car, cette mesure va créer un antécédent puisque rien n'empêchera les retardataires de la prochaine session à revendiquer, eux-aussi, une deuxième session en cas de leur exclusion
durant la première. "Ce qui est accordé en 2017, il n'y a pas de raison pour qu'il soit refusé en 2018", remarque-t-il.
De son côté, le conseil des lycéens d'Algérie (CLA), qui a décidé de boycotter cette session spéciale, confirme l'effarant taux d'absentéisme. "Le taux de participation des lycéens à cette session spéciale ne dépasse pas les 10%. Plus de 60% des enseignants n'ont pas répondu favorablement à la convocation du ministère. Nous, au CLA, nous maintenons notre position de la non-participation car, c'est une décision politique qui n'a rien de pédagogique", indique M. Idir Achour, secrétaire général du CLA. Le Cnapest établit le même constat. Le syndicat a réitéré son refus d'élargir la session à tous les candidats outre les retardataires.
Pour M. Boudiba Messaoud, secrétaire national chargé de l'information et de la communication du Cnapest, le nombre exact des exclus pour retard est estimé à 8 993 soit 8 % de l'ensemble des candidats. Ce qui explique que des 104 000 lycées, plus de 96 000 sont des absents. De ce total, près de 93 000 sont des candidats libres.
Quelle crédibilité pour le bac algérien ?
"L'élargissement de la mesure pour atteindre les 104 000 candidats est une violation de la directive du président de la République", souligne M. Boudiba. "Lors du premier jour des épreuves, il y a eu l'absence de 80% des lycéens qui demeurent des candidats libres", précise-t-il. Ceux qui ont pris part à cet examen sont les véritables élèves retardataires scolarisés, relève M. Boudiba. Un tel constat, regrette-t-il, "porte atteinte, par conséquent, à la crédibilité du baccalauréat algérien". Pis encore, cela se confirme avec la fuite des sujets via les réseaux sociaux, trente minutes seulement après le début des épreuves. "Ce qui précise que le problème est provoqué en dehors des centres d'examen. En termes plus clairs, la fuite est électronique d'autant plus qu'elle est organisée avant le déroulement des épreuves. Et les enseignants et les élèves ne sont donc pas impliqués dans l'affaire des fuites des sujets", argue le responsable du Cnapest.
B. K.


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