À la veille du sommet tripartite algéro-égypto-tunisien sur la Libye, prévu ce mois-ci à Alger, l'Algérie intensifie ses concertations avec les parties impliquées dans la crise libyenne pour dépasser l'impasse dans laquelle se trouve depuis des mois le processus de paix interlibyen. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, se rendra ce mercredi à Bruxelles pour rencontrer son homologue européenne Federica Mogherini, autour d'un déjeuner de travail, a annoncé la Commission européenne hier, ont repris plusieurs médias. Outre les dossiers de coopération, cette réunion se concentrera surtout sur la résolution de la crise libyenne, a précisé la même source, soulignant que Lamamra devrait exposer les résultats des rencontres que la diplomatie algérienne avait eues, récemment, avec les acteurs libyens, dont certaines ont eu lieu en étroite coordination avec la Tunisie. Alger a accueilli en effet de nombreuses réunions, en grande partie menées par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et des Etats de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. Ces rencontres s'inscrivent dans un large effort diplomatique des pays voisins de la Libye, de leurs partenaires dans la région et des puissances occidentales, pour amener les parties libyennes à avancer dans la voie politique, même si cela est un pari difficile à réaliser actuellement, car il suffit de voir la situation sur le terrain militaire pour se rendre compte des difficultés qu'éprouve la médiation internationale à rassembler les Libyens autour d'une même table de discussions. Néanmoins, la communauté internationale dispose toujours d'assez de poids pour convaincre les acteurs politiques et militaires libyens à chercher ensemble une solution politique, dans la suite de l'Accord de paix de Skhirat, qui avait été signé le 17 décembre 2015, et dont est issu l'actuel gouvernement d'union nationale, dirigé par Fayez al-Serraj. L'accord de Skhirat pourrait d'ailleurs être revu, pour qu'il soit accepté par tout le monde, ont indiqué des sources de la diplomatie européenne. Les opposants à ce texte contestent l'article 8 qui accorde le portefeuille de la Défense et de la Sécurité au président du Conseil présidentiel, alors que les membres du gouvernement parallèle et le Parlement élu, exilés à Tobrouk (est), lorgnent ce poste et estiment qu'il revient quasiment de droit au controversé général à la retraite Khalifa Haftar. Pour rappel, l'Union européenne est directement concernée par le chaos libyen, à travers la crise des réfugiés et des migrants qui vont en Europe, en passant par la Libye. L'accord conclu par Bruxelles et le GNA, la semaine dernière, avait été rejeté et dénoncé par le Parlement de Tobrouk qui l'a qualifié de "nul et non avenu". Il est également à noter que la rencontre Lamamra-Mogherini intervient à la veille du sommet tripartite algéro-égypto-tunisien sur la Libye, prévu pour ce mois-ci à Alger. Lyès Menacer