L'efficacité des frappes américaines en Libye contre l'autoproclamé Etat islamique (Daech) est limitée dans le temps. Seule une solution politique de la crise libyenne est en mesure de sortir ce pays de l'impasse. Le Caire s'apprête à accueillir une nouvelle réunion des acteurs de la crise libyenne, a indiqué une source proche du gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Serraj, a rapporté le quotidien émirati Al-Bayan dans sa livraison d'hier. Les discussions informelles auraient même bien avancé pour la tenue de ce deuxième round des discussions, sous médiation égyptienne, a ajouté cette source. Le quotidien libyen Al-Wassat conforte son confrère émirati en affirmant, hier après-midi, que la commission de dialogue entre le GNA et les autorités de Tobrouk, internationalement reconnues, a formé une "équipe restreinte" pour jouer le rôle de médiateur entre les deux parties et préparer ainsi le grand rendez-vous du Caire, dans un contexte marqué par l'entrée en scène de l'armée américaine qui mène depuis quelques jours des raids à Syrte contre la branche libyenne de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech). Les membres de cette équipe se déplaceront à Toubrouk où siège le Parlement élu pour discuter avec son président Aqila Salah et les députés opposés au gouvernement d'union ainsi qu'à l'accord de paix onusien conclu le 17 décembre 2015 à Skhirat, selon Al-Wassat. Mais cette rencontre s'annonce difficile avec un Aqila Salah qui se montre inflexible et rejette en bloc toute proposition de la mission de l'Onu, sous la direction de Martin Kobler, concernant la mise en œuvre de l'Accord de paix sous sa forme actuelle et sous la conduite du GNA, installé depuis mai à Tripoli. Pour le président du Parlement exilé à Tobrouk, "Martin Kobler et le GNA ont échoué" dans leur mission et les signataires de l'Accord de Skhirat "ne représentent pas le peuple libyen", qualifiant au passage la Ligue arabe de "faible". Dans l'entretien qu'il a accordé au journal égyptien Al-Ahram Al-Arabi, Aqila Salah a déclaré en effet que "Martin Kobler a une vision et un programme qui tentent un passage en force de ce gouvernement (d'union nationale, ndlr). Mais nous lui disons qu'il n'existe pas une véritable entente nationale complète jusqu'à maintenant. (...) Ceux qui ont signé l'accord de Skhirat (...) ont été choisis par le représentant des Nations unies en Libye et son prédécesseur, Bernardino Leon". Parallèlement à ce qui se passe sur le terrain politique, la situation sécuritaire demeure explosive au niveau des villes côtières, notamment à Syrte, à Benghazi et à Derna, où les combats font toujours rage entre l'armée régulière, les milices qui la soutiennent et Daech. Appuyés depuis quelques jours par les frappes aériennes de l'armée américaine, les Libyens éprouvent toujours du mal à avancer vers les fiefs de Daech. Des dizaines de morts et de blessés sont quotidiennement enregistrés dans les rangs des soldats et des miliciens qui combattent Daech et des groupuscules terroristes indépendants ou affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique, a alerté M. Kobler dans un tweet vendredi soir, appelant les Etats européens à s'impliquer dans cette lutte contre le terrorisme. "Très inquiet par le nombre de blessés dans cette guerre contre Daech. (...) Cette guerre est celle de l'Europe aussi", a-t-il écrit. Lyès Menacer